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Thursday 20 January 2011

Un spectre exagéré pour soutenir les régimes en place

Bien sûr qu’il faut soutenir le gouvernement de M. Bouteflika, parce que personne ne veut d’un gouvernement taliban en Algérie.»

La formule est du président français, Nicolas Sarkozy, qui s’est cru obligé juste à la veille de l’élection présidentielle de 2009 de manifester ouvertement le soutien de la France au chef de l’Etat qui briguait un troisième mandat. Beaucoup se sont étonnés alors de la sortie, aussi inattendue que désobligeante, de Sarkozy. D’abord, c’est une immixtion dans le choix souverain des Algériens, s’il y en avait bien un, ensuite, la déclaration était bien loin de la réalité et dénuée de fondement, parce que la menace de la «talibanisation» de l’Algérie est irréelle. C’est une exagération dont le président français aurait pu faire l’économie. Mais c’est une exagération voulue.
L’objectif évidemment était de justifier une position indécente, une ingérence en bonne et due forme dans les affaires internes de l’Algérie. L’argument qui met en évidence le spectre de la menace islamiste ne tient plus la route. Le chef de l’Etat français devrait très bien le savoir. Mais oser une telle contrevérité valait bien la peine et participait bien du péché mignon de l’ancien colonisateur à vouloir donner des leçons et à considérer que les peuples maghrébins ne sont toujours pas assez mûrs pour choisir la voie de la démocratie. Son soutien des régimes en place, comme il le fait avec les événements qui secouent la Tunisie, montre effectivement que la France est bien près de ses intérêts. Ce ne sont en tout cas pas les islamistes qui mènent aujourd’hui la cadence au pays de Ben Ali où nous assistons à une véritable révolution démocratique. Les observateurs comprennent bien aujourd’hui le souci des partenaires des pays maghrébins, en particulier la France. L’alternative au régime décrié de Ben Ali n’est pas islamiste. Aussi la prétendue menace «talibane», dont on a voulu épargner l’Algérie, n’est pas aussi présente. Nous avons vu comment les islamistes qui ont tenté de récupérer les émeutes de ces derniers jours dans notre pays ont été rabroués. Ali Benhadj a été renvoyé de Bab El Oued par les jeunes émeutiers.

Les slogans a connotation islamiste, qu’on a l’habitude d’entendre lors de pareil mouvement de contestation, ont tout simplement disparu. Nous avons vu aussi comment les résidus de la direction du parti dissous ont essayé vainement de profiter de la situation de se replacer sur une scène politique qui les rejette. Les formations politiques qui sont encore en activité ont perdu prise sur la société. Et les relents de l’islamisme qui subsistent encore sont ceux entretenus dans l’objectif d’en faire un vrai leurre. Le spectre de l’intégrisme aujourd’hui n’est qu’une espèce de subterfuge et de diversion pour faire peur et justifier une fermeture politique et médiatique. Beaucoup pensent même que le déni des libertés et la répression entravent plus l’évolution démocratique des sociétés maghrébines qu’ils n’empêchent le renforcement du terreau des extrémismes en général et de l’intégrisme en particulier.

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