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Wednesday, 14 September 2016

Gilles Clavreul : « Des actes antisémites en baisse de 64% par rapport à l’an dernier »



La DILCRA vient de publier le bilan de la première année de mise en œuvre du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Des résultats qui, comme l’estime le délégué interministériel, encouragent à poursuivre les différentes actions.
Actualité Juive : Le premier bilan publié par la DILCRA montre des résultats plutôt satisfaisants dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme…
Gilles Clavreul : 
La décrue est amorcée depuis juin 2015, après la forte hausse observée en 2014 et début 2015. Pour les 7 premiers mois de l’année, on enregistre une baisse des actes antisémites de 64% par rapport à l’an dernier. Si cette tendance se poursuit, nous passerons sous la barre des 400 faits annuels, l’un des meilleurs résultats des quinze dernières années. A titre de comparaison, en Grande-Bretagne on comptabilise quelque 900 à 1000 faits par an.
Même s’il n’y a pas de corrélation immédiate et totale entre l’ensemble des actions que nous avons engagées et la baisse des actes de violence, celles-ci ont fait leur œuvre. Les mesures de sécurité et de protection mises en place aux abords des synagogues et des écoles juives ont eu un effet dissuasif. Les mesures que nous avons engagées en matière éducative ont sans doute aussi contribué à une prise de conscience collective. Enfin, nous avons assisté à un sursaut citoyen qui dépasse l’action des pouvoirs publics. Au sein de la société française, on se dit qu’il n’est plus possible de laisser progresser la haine, d’où qu’elle vienne et quelles qu’en soient les cibles.

A.J. Les attentats de novembre et d’août dernier ont visé l’ensemble de la société française. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne risque-t-elle pas d’être perdue de vue dans ce contexte de menace globale ?
G.C. : 
Non, bien au contraire car le racisme et l’antisémitisme sont au cœur du sujet. Depuis les premiers attentats, l’approche des facteurs et des modalités de basculement dans la radicalité s’est beaucoup enrichie et affinée. Beaucoup de jeunes qui basculent développent ce que l’on pourrait appeler une tolérance à l’intolérance : l’accoutumance aux images violentes, l’adhésion aux théories complotistes dans lesquelles des êtres malfaisants - juifs ou allégories du juif, la plupart du temps - tirent les ficelles et font le malheur des peuples, tout cela rend possible la rupture.
Si tous les conspirationnistes ne deviennent pas djihadistes, tous les djihadistes ont commencé par adhérer à une vision manichéenne. Lutter contre le racisme, l’antisémitisme et plus généralement contre toutes les formes de haine, c’est se situer au niveau de la prévention primaire. La DILCRA a d’ailleurs été associée aux différentes démarches de lutte contre la radicalisation.

« Education, formation, sensibilisation »

A.J.: La DILCRA soutient plus de 250 associations et institutions qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme. Comment les choses s’opèrent-elles concrètement ?
G.C. :
 Notre axe d’action dominant est celui de l’éducation, la formation, la sensibilisation, le partage de la mémoire et de la connaissance historique. Nous avons ainsi signé des conventions de partenariat avec les grandes institutions mémorielles (mémorial de la Shoah, Camp des Milles…). Ces actions permettent notamment d’accueillir davantage de scolaires et de former plus d’enseignants.
Nous soutenons aussi beaucoup les actions des associations locales à travers nos comités départementaux. Lors du lancement de notre appel à projets, nous avons reçu plus de 350 dossiers, souvent de grande qualité. C’est dire à quel point il y a, sur le terrain, une volonté de mener des actions qu’il nous fallait ranimer et soutenir.
On nous a longtemps expliqué que c’était des questions trop complexes, trop délicates, qu’il ne fallait pas gratter les plaies, etc. J’ai acquis la conviction inverse : le racisme prospère dans le silence et l’évitement. Il faut mettre des mots sur la haine si on veut la combattre.  

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