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Wednesday, 15 October 2014

L’Etat islamique utilise des armes serbes en Syrie et en Irak

Selon un rapport du groupe Conflit armament research (CAR), les djihadistes de l’État islamique (EI) utilisent des armes produites en Serbie. Rien d’étonnant de fait, puisque les pays de l’ancienne Yougoslavie ont, durant la dernière décennie, massivement vendu des armes aux forces armées irakiennes, par l’intermédiaire de sociétés américaines.

Par Ljudmila Cvetković

Selon des investigations menées par le groupe Conflit armament research (CAR), les extrémistes de l’État islamique (EI) utilisent des armes produites en Serbie. Ce qui n’est pas en soi très surprenant, vu que les munitions fabriquées en Serbie sont vendues à travers tout le Proche-Orient.



Ainsi, selon un rapport du CAR, Belgrade se trouve à la cinquième place sur la liste des producteurs de munitions utilisées par les États de la région, derrière la Chine, la Russie, les États-Unis, et derrière les armes soviétiques encore en activité. L’étude de CAR détaille les munitions fabriquées par 21 pays sur une période qui s’étend de 1945 à 2014.

Le président du Conseil parlementaire pour le contrôle des services de sécurité et ancien directeur de l’Agence militaire de sécurité serbe, Momir Stojanović, estime que certains individus mal intentionnés manipulent les faits, en soulignant que des armes serbes « se trouvent dans les mains des islamistes. La Serbie n’a jamais livré d’armes à des mouvements islamiques radicaux, mais uniquement aux États officiels présents sur le marché ».

« Le fait que nos armes soient en possession d’islamistes radicaux témoigne que la Yougoslavie, la Serbie-et-Monténégro puis la Serbie ont toujours livré des équipements militaires aux États officiels. Leurs entrepôts d’armes sont ensuite passés aux mains de mouvements islamiques, mais cela n’est pas la faute de la Serbie mais de l’instabilité qui règne dans ces pays », ajoute-t-il.

Sur les 1.730 types de munitions analysées par CAR, 142 ont été produites en Serbie, 445 en Chine, 338 en Union soviétique, 323 aux États-Unis et 154 en Russie. Les douilles vides ont été collectées par les combattants kurdes et par les enquêteurs du groupe CAR dans les zones désertées par les miliciens de l’EI.

Ceux qui connaissent le marché des armes ne sont pas étonnés par les données de cette étude. L’analyste militaire Aleksandar Radić souligne que les munitions serbes ont été vendues à travers tout le Proche-Orient. Celles provenant de l’usine Prvi partizan d’Užice, sont vendues dans le monde entier en raison de leur qualité.

« Durant la décennie précédente, beaucoup de munitions destinées à l’infanterie irakienne ont été exportées par des pays de l’ancienne Yougoslavie, via des sociétés américaines. La plupart de ces armements proviennent des stocks des forces armées de Bosnie-Herzégovine. La Serbie et la Croatie ont également beaucoup exporté. Ce matériel se trouvait donc en Syrie et en Irak. Cela ne doit pas influer sur la renommée de la Serbie. Le producteur ne peut assumer la responsabilité des exactions commises sur le terrain. Il y a quelques années, les médias occidentaux ont publié des informations qui affirmaient que les rebelles en Irak détenaient des fusils serbes. C’est un fait avéré, ces derniers sont fabriqués dans l’usine Zastava, mais ces armes ont été livrées par l’intermédiaire de sociétés américaines aux forces de la sécurité irakienne ».

Selon Aleksandar Radić, du matériel militaire fabriqué pour l’Armée yougoslave (JNA) a par exemple été exporté par le Croatie vers la Jordanie, d’où il est ensuite arrivé aux mains de certains groupes rebelles comme l’État islamique. D’après James Bevan, directeur d’un groupe d’investigations du Conflict Armament Research, l’exemple des armes livrées en Syrie et en Irak qui finissent aux mains des djihadistes illustre que, bien souvent, « il est impossible de contrôler la destination finales des armes exportées ».

Cette question est soulevée au moment où un débat se tient au Parlement serbe sur un projet de loi destiné à encadrer les exportations d’armes. En 2007, l’ONG des Femmes en noir avait déjà protesté contre la vente d’armes à l’Irak, considérant que la Serbie se rendait coupable de la mort de civils.

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