Me Bitton avait lancé en 2006 une procédure pour demander réparation au nom des familles de plus de 600 personnes qui ont été déportées vers les camps de la mort dans des convois de la SNCF.
Par Pascal Ceaux
"La SNCF veut se payer une mémoire à moindre coût". Me Avi Bitton ne décolère pas contre la cérémonie organisée à Bobigny (Seine-Saint-Denis), ce mardi, sous l'autorité du président de l'entreprise publique de transport ferroviaire, Guillaume Pépy, en souvenir des déportés vers les camps de la mort pendant la deuxième guerre mondiale. Transformée aujourd'hui en terrain vague, l'ancienne gare de Bobigny d'où furent déportés de juillet 1943 à août 1944 plus de 20 000 personnes dont une grande majorité de juifs vers les camps d'extermination nazis, doit devenir un lieu de commémoration. Un protocole a été signé entre la mairie de Bobigny et la SNCF.
Pour Me Bitton, cette cérémonie vient fort à propos. L'avocat dénonce des "excuses opportunistes" liées à la volonté de la SNCF de percer sur le marché américain. Le transporteur est en effet candidat à l'ouverture de lignes TGV en Floride et en Californie. Seulement voilà: il est aux Etats-Unis visé par une série de plaintes émanant de familles de déportés. Celles-ci exigent que la SNCF s'explique sur son rôle dans l'organisation des convois de déportés vers les camps de la mort.
"Comment peut-elle espèrer convaincre avec quelques mots d'excuses, alors qu'elle refuse toujours d'indemniser les victimes?" s'indigne Me Bitton. En France, il a lui-même porté l'affaire devant les tribunaux administratifs (TA) pour le compte de plus de 600 personnes. Une dizaine de TA a été saisie. Mais la démarche a tourné court après qu'un arrêt du Conseil d'Etat eut invalidé une première décision favorable qui avait été rendue à Toulouse (Haute-Garonne). La haute juridiction administrative avait en outre considéré que la SNCF avait agi sous la contrainte de l'occupant allemand.
"Depuis 2006, date à laquelle j'ai engagé les actions, déplore Me Bitton, la SNCF n'a pas fait un mot d'excuse, et n'a jamais envisagé de mettre en place un fonds d'indemnisation pour les victimes". "Mes clients voudraient obtenir justice en France", insiste-t-il. Pour lui, ils ne peuvent se satisfaire de la cérémonie de Bobigny.
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