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Sunday, 10 April 2011

Israël et la Démocratie Arabe,

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Israël et la démocratie arabe

Adaptation française de Sentinelle 5771 ©


Que ce soient des démocrates ou des autocrates, nous n’attendons que la poursuite de leur haine à notre égard.
   
Au cours de la semaine écoulée, Israël a été critiqué pour avoir insuffisamment apporté son soutien au changement démocratique en Egypte. Alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou a prudemment fait l’éloge de la cause de la démocratie tout en prévenant contre les dangers d’une prise de contrôle islamique de l’Etat arabe le plus peuplé, beaucoup d’Israéliens n’ont pas été aussi diplomates. 
Pour comprendre pourquoi, il est nécessaire de faire un petit tour du monde arabe.
Au milieu de la révolution tunisienne le mois dernier, l’Agence Juive s’est mobilisée pour évacuer tous les membres de la communauté juive du pays qui souhaitaient partir. Jusqu’à la fin du gouvernement colonial français en 1956, la communauté juive de Tunisie comptait 100.000 membres. Mais comme toutes les communautés juives dans le monde arabe, l’avènement du nationalisme arabe au milieu du 20ème siècle a contraint l’immense majorité des Juifs de Tunisie à quitter le pays. Aujourd’hui entre 1500 et 3000 membres, la toute petite communauté juive de Tunisie est parmi les plus grandes du monde arabe.
Jusqu’à présent, six familles sont parties en Israël. Beaucoup d’autres pourront suivre. Il y a deux semaines, Daniel Cohen de la communauté juive de Tunis a déclaré au journal ‘Haaretz’ : « Si la situation continue comme actuellement, nous devrons définitivement quitter ou immigrer en Israël ».
Depuis lors, Rachid Ghannouchi, le chef du parti islamiste de Tunisie, est revenu en Tunisie après 22 ans d’exil à Londres. Il a été condamné à la prison à vie par contumace pour des accusations de terrorisme, par le régime du président évincé Zine El Abidine Ben Ali.
Puis lundi soir, des agresseurs non identifiés ont mis le feu à une synagogue de la ville de Ghabès et brûlé des rouleaux de la Torah. Dans un entretien à l’AFP, Trabelsi Perez, président de la synagogue de la Ghriba [à Djerba, NdT], a dit que le crime était d’autant plus choquant qu’il est survenu alors que la police stationnait à côté.
Le jour suivant l’attaque, Roger Bismuth, président de la communauté juive de Tunisie, a contesté l’avis que la mise à feu des rouleaux de la Torah avait quelque chose à voir avec l’antisémitisme.  L’homme responsable de représenter la communauté juive de Tunisie devant le nouveau régime en formation a déclaré au ‘Jerusalem Post’ que l’attaque était de la faute des Juifs eux-mêmes, « parce qu’ils avaient laissé la synagogue ouverte… Ce n’est pas une attaque contre la communauté juive ».
La peur qui étreint maintenant les Juifs de Tunisie n’est pas surprenante. La même peur a étreint la bien plus petite communauté juive irakienne après que les USA et les Britanniques eûssent renversé le régime de Saddam Hussein en 2003. La communauté irakienne était la plus ancienne, et sans doute celle qui avait le mieux réussi dans le monde arabe jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Ses 150.000 membres étaient des hommes d’affaires et des fonctionnaires dirigeants pendant la période du gouvernement britannique.  
Après la création d’Israël, le gouvernement irakien retira la citoyenneté des Juifs du pays, les obligea à s’enfuir et vola leurs propriétés et jusqu’à leurs alliances de mariage. Les biens expropriés de la communauté juive irakienne  se montent aujourd’hui à une valeur de plus de 4 milliards de dollars.
Seulement 7.000 Juifs sont restés en Irak après l’aliya de masse en 1951. Au moment où Saddam Hussein était renversé en 2003, il ne restait que 32 Juifs. C’était surtout des gens âgés, et appauvris. Et du fait des menaces d’al Qaïda et du harcèlement du gouvernement, ils furent obligés de s’enfuir.
Peu après avoir renversé Saddam, les forces des USA trouvèrent les archives de la communauté juive submergées dans un sous-sol inondé d’un immeuble de la police secrète à Bagdad. Les archives furent séchées et congelées et envoyées aux USA pour leur préservation. L’an dernier, en dépit du fait que la police secrète de Saddam ne détenait les archives que parce qu’elle les avait volées aux Juifs, le gouvernement irakien exigea leur retour en tant que trésor national.
Alors que le président égyptien assiégé Hosni Moubarak a entamé sa contre-offensive envers les protestataires anti-régime, ses porte-parole ont commencé d’alléguer que les protestataires étaient incités par le Mossad.
Pour leur part, les protestataires anti-régime ont déclaré que Moubarak est une marionnette israélienne. Les protestataires brandissent des affiches avec l’image de Moubarak couverte d’étoiles de David. Une photo en effigie du nouveau vice-président nommé, et chef du renseignement, Omar Suleyman, a été brûlée dans le square Tahrir le montrant sous les traits d’un Juif.
Mercredi soir, le commentateur des affaires arabes Zvi Yehezkeli, sur la Chaîne commerciale 10, a donné un reportage démoralisant sur l’état des tombes de sages juifs enterrés dans le monde arabe. La rapport faisait la chronique des voyages du Rabbi Ysrael Gabbaï, rabbi ultra-orthodoxe qui a pris sur lui de voyager pour sauver ces tombeaux importants. Comme Yehezkeli l’a rapporté, la semaine dernière Gabbaï a voyagé en Iran et visité les tombeaux des héros de Pourim, la reine Esther et le Juif Mordeh’aï [Mardochée, NdT], et ceux des prophètes Daniel et Habacuc.
Il était ému de voyager en Iran après que le président iranienMahmoud Ahmadinejad eût ordonné la destruction des tombes d’Esther et de Mordeh’aï. Les media suivaient un édit d’Ahmadinejad avec une campagne proclamant qu’Esther et Mordeh’aï étaient responsables du meurtre de 170.000 Iraniens.
Les voyages de Gabbaï l’ont amené en Iran, à Gaza, au Yémen, en Syrie, au Liban et au-delà. Et à travers le monde arabe et musulman, comme les communautés juives déclinantes, les cimetières juifs sont la cible d’attaques antisémites. « Nous parlons de milliers de cimetières à travers le monde arabe. C’est le même problème partout », dit-il.
Les Israéliens ont été parfaitement francs dans la critique du soutien occidental aux forcer opposées au régime en Egypte du fait de notre préoccupation profondément gravée sur le fait que le régime actuel sera remplacé par un autre dominé par les ‘Frères Musulmans’.  
Représentant au minimum 30 % des Egyptiens, les ‘Frères Musulmans’ sont la seule force politique bien organisée dans le pays en dehors du régime.
Les prouesses organisationnelles des ‘Frères Musulmans’ et leur volonté d’user de la violence pour atteindre leurs objectifs ont été certainement démontrées dans les heures suivant le début du soulèvement. Peu après le début des manifestations, des agents de la branche palestinienne des ‘Frères Musulmans’ à Gaza – à savoir le Hamas – ont traverse la frontière vers le Sinaï. Et jeudi dernier, un poste de police à Suez a été attaqué avec grenades propulsées par des roquettes et avec des cocktails Molotov.
 
Le Hamas a de vieux antécédents d’opérations dans le Sinaï. Il a aussi des liens étroits avec des bandes de Bédouins qui seraient impliqués dans l’attaque d’un autre poste de police dans le Nord Sinaï.
La volonté occidentale – et en particulier américaine – de prétendre que les ‘Frères Musulmans’ sont différents d’un mouvement totalitaire, a été accueillie avec stupéfaction et étonnement par les Israéliens à travers tout le spectre politique.  
C’est la probabilité de voir les ‘Frères Musulmans’ s’emparer du pouvoir, et non pas une aversion pour la démocratie arabe, qui a provoqué la crainte en Israël de la révolte populaire contre le régime de Moubarak. Si les ‘Frères Musulmans’ n’étaient pas un facteur influent en Egypte, alors Israël aurait certainement été simplement indifférent aux évènements là-bas, comme il l’a été au développement de la démocratie en Irak et de la révolte populaire en Tunisie.
L’indifférence d’Israël à la démocratisation du monde arabe a été une cause de consternation pour certains de ses partisans traditionnels dans les cercles conservateurs aux USA et en Europe. Les Israéliens sont accusés de provincialisme.
En tant que citoyens de la seule démocratie au Moyen-Orient, nous sommes réprimandés pour n’avoir pas soutenu la démocratie chez nos voisins. Le fait est que l’indifférence israélienne aux courants démocratiques dans les sociétés arabes n’est pas du au provincialisme.
Les Israéliens sont indifférents parce que nous réalisons que, qu’il s’agisse de férule autoritaire ou de démocratie, l’antisémitisme est le sentiment unificateur du monde arabe. Eclatés selon des fractures socio-économiques, tribales, religieuses, politiques, politiques et autres, la glue qui lie les sociétés arabes entre elles, c’est la haine des Juifs.
Une enquête d’opinion de l’institut ‘Pew Research Center’ sur les attitudes des Arabes à l’égard des Juifs réalisée depuis 2009, le montre clairement : 95 % des Egyptiens, 97 % des Jordaniens et des Palestiniens et 98 % des Libanais ont exprimé des opinions défavorables sur les Juifs. Les ¾ des Turcs, des Pakistanais et des Indonésiens ont aussi exprimé des opinions hostiles aux Juifs.
A travers tout le monde arabe et musulman, une propagande antisémite génocidaire est partout envahissante. Et comme le Pr. Robert Wistrich l’a écrit : « L’ubiquité de la haine et des préjugés mis en exemple par cet antisémitisme irréductible dépasse sans doute la diabolisation de périodes historiques antérieures – que ce soit le Moyen-Âge chrétien, l’Inquisition espagnole, l’Affaire Dreyfus en France, ou la judéophobie de la Russie tsariste. Le seul exemple comparable serait celui de l’Allemagne nazie pour laquelle nous pouvons aussi parler ‘d’un antisémitisme éliminationniste’ aux dimensions génocidaires, qui a culminé pour finir dans l’Holocauste ».
Voilà pourquoi pour la plupart des Israéliens, la question de la façon dont les Arabes sont gouvernés est aussi peu importante que le résultat des élections présidentielles de 1852 aux USA pour les noirs américains. Comme les deux Partis les excluaient ils étaient indifférents à qui détenait le pouvoir.
Ce que ces résultats, et le comportement antisémite des Arabes montre aux Israéliens, c’est qu’il n’y a pas de différence selon le régime qui les gouverne. Aussi longtemps que les peuples arabes haïront les Juifs, il n’y aura pas de paix entre leurs pays et Israël. Personne ne sera meilleur pour Israël que Moubarak. Ils ne peuvent qu’être identiques ou pires.
Voilà Pourquoi personne ne s’attendait à ce que le gouvernement démocratiquement élu en Irak signe un traité de paix avec Israël, ou même mette fin à l’état de belligérance avec l’Etat juif. En effet, l’Irak demeure officiellement en état de guerre avec Israël. Et après que le législateur indépendant Mithal al-Alusi ait visité Israël en 2008, deux de ses fils ont été” assassinés. La vie d’Alusi reste menacée en permanence.
 
L’un des aspects les plus troublants de la couverture des media occidentaux sur le tumulte en Egypte au cours des deux semaines écoulées, ça a été la décision des media d’effacer toute preuve de l’antisémitisme des protestataires.
Comme John Rosenthal l’a souligné” cette semaine dans ‘The Weekly Standard’, le journal allemand ‘Die Welt’ a mis en page de couverture une photo représentant un poster de Moubarak avec une étoile de David à travers le front en arrière-plan. La légende de la photo ne faisait pas mention de l’image antisémite. L’édition en ligne ne présentait pas la photo.
Comme l’auteur Bruce Bawer l’a noté sur le site en ligne ‘Pajamas’, Jeanne Moos de CNN a décrypté les signes des protestataires, notant l’authenticité et le caractère réconfortant des messages mal orthographiés en anglais, mais elle a négligé de mentionner que l’un des signes qu’elle montrait décrivait Moubarak comme un Juif.
Suivant la couverture obsessionnelle du conflit arabo-israélien par les media occidentaux, à première vue il semble curieux qu’ils ignorent la prévalence de l’antisémitisme parmi les protestataires présumés en faveur de la démocratie. Mais à la réflexion, ce n’est pas si surprenant.
Si les media rapportaient l’implacable haine antijuive dans le monde arabe en général et en Egypte en particulier, cela ruinerait la narration du conflit arabe avec Israël. Cette narration explique les racines du conflit par la frustration du nationalisme arabo-palestinien. Elle dénie constamment une antipathie antijuive plus profondément enracinée qui est projetée sur l’Etat juif. Le fait que le seul Etat juif soit seul face à 23 Etats arabes et 57 Etats musulmans, dont les populations sont unies par leur haine des Juifs requiert nécessairement une révision de la narration. Aussi leur haine est ignorée.
Mais les Israéliens n’ont pas besoin de CNN pour nous dire comment nos voisins nous perçoivent. Nous le savons déjà. Et comme nous le savons, alors que nous leur souhaitons la meilleure chance pour leurs mouvements démocratiques, et nous nous réjouirions de l’avènement d’une société tolérante en Egypte, nous reconnaissons que cette tolérance prendra fin dès qu’on en viendra aux Juifs. Ainsi, qu’ils soient démocrates ou autocrates, nous n’attendons que la poursuite de la haine à notre égard.  

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