El Watan, 27 avril 2011
Les mesures annoncées dernièrement par le président Abdelaziz Bouteflika, lors d’un discours télévisé le 15 avril 2011, visent, selon le FFS, à arranger les affaires internes du régime.
«Face aux mouvements de contestation, nous avons un pouvoir qui s’entête, qui a peur du changement. Finalement, le régime algérien ne veut pas se mettre en phase avec l’histoire», a déclaré Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio d’Etat. Une invitation surprise puisque l’opposition, les syndicats indépendants et les représentants de la société civile autonomes sont interdits d’antenne à la radio et à la télévision. Signe d’ouverture ? Possible. Toujours est-il que l’interview avec Karim Tabbou a été enregistrée dans de mauvaises conditions sonores (des bruits d’enfants qui jouent étaient clairement audibles). «Nous avons eu la preuve, plusieurs fois, que le problème n’a jamais été le contenu d’une Constitution.
Les problèmes sont ailleurs et le pouvoir veut que les solutions soient bureaucratiques (…) Le meilleur moyen de tuer un problème est de lui créer une commission. Nous sommes dans un pays où les commissions naissent et meurent sans que les problèmes soient réglés», a-t-il souligné à propos de la commission que Bouteflika entend mettre sur pied pour la révision la Constitution de 1996. Une Constitution déjà amendée, sans consultation populaire, pour ouvrir les mandats présidentiels en 2008. Le FFS, selon son premier secrétaire, ne fera pas partie de la commission qui aura la tâche de revoir la Loi fondamentale. «La priorité pour le FFS est d’aller vers la démocratie, pas vers la révision de la Constitution», a-t-il noté. Selon lui, toutes les Constitutions algériennes ont été élaborées par un groupe de personnes «d’une institution particulière». «On n’a jamais donné la chance aux Algériens d’élaborer eux-mêmes la Constitution», a-t-il dit. Aussi, a-t-il estimé, seule une Assemblée constituante permettra l’élaboration d’une Constitution qui sera l’émanation réelle de la volonté populaire.
La Constituante, revendication permanente du FFS, mettra en place, d’après lui, une base institutionnelle pour concevoir la Loi fondamentale. Il a estimé que l’installation d’institutions démocratiques, «qui auront rétabli la confiance des Algériens», doit être un préalable à l’élaboration, par la population, d’une Constitution. «Le pouvoir ne doit pas s’arroger le droit exclusif de faire la politique. Les partis doivent faire de la politique et les Algériens doivent avoir le droit à l’expression», a-t-il noté. Il a relevé que l’Algérie a besoin d’aller vers des élections démocratiques et d’avoir de vrais citoyens, députés, généraux et chefs d’Etat. «Aujourd’hui, tout est faux. Tout ne vient pas d’une représentation démocratique légitime. La totalité du pouvoir s’exerce en dehors de tout contrôle et de toutes les institutions. Cela existe parfois même au niveau des APC. Des agents de l’administration, walis ou chefs de daïra, ont plus de pouvoir et décident à la place des élus. Cela est valable à toutes les échelles de l’Etat», a souligné le responsable du FFS. Interrogé sur les accusations portées par l’opposition libyenne sur le soutien qu’aurait apporté Alger au régime du dictateur de Tripoli à travers l’envoi d’armes et de mercenaires, le responsable du FFS a indiqué qu’il n’avait pas d’informations pour se prononcer.
«Depuis le début de la crise en Libye, nous pouvons relever le silence anormal des autorités algériennes. Le régime algérien est mal placé pour donner des leçons à ses voisins en matière de droits de l’homme. Le faire serait tenter de ruser», a-t-il dit. Il a rappelé que le FFS a, dès le début des événements en Libye, pris position «d’une manière claire» en faveur de la population et des révoltés. «Nous considérons que les Libyens ont le droit de construire eux-mêmes le changement pour aller vers la démocratie. Si aujourd’hui, la marche vers la démocratie vient de Tunisie, de Libye et du Maroc, cela veut dire que les peuples du Maghreb sont en train de réaliser un objectif tracé par le mouvement national, à savoir la construction d’un Maghreb démocratique des peuples», a-t-il déclaré.
Fayçal Métaoui
Fayçal Métaoui
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