Sous l’égide de l’institut arabe des droits de l’Homme, vingt trois associations ont organisé aujourd’hui une manifestation contre le terrorisme dans la ville de Kasserine. Leur devise a été «Nous devons soutenir Chambi. Nous devons soutenir la Tunisie». Des dizaines de participants se sont mobilisées pour dire «non» aux actes criminels des intégristes extrémistes implantés depuis au moins le mois de mars 2012 dans les hauteurs de la montagne Chambi. Cependant, des perturbateurs n’ont pas apprécié l’initiative allant jusqu’à nier l’existence de toute forme de terrorisme dans la ville.
«Nous avons commencé notre manifestation vers 11 h du matin. Les citoyens venus à «El jardina» étaient bien nombreux, la place des martyrs était pleine, c’était extraordinaire et très beau» nous a déclaré Zina Mhamdi, du Forum des jeunes pour la culture de la citoyenneté .
Les organisateurs étaient motivés, pour eux, cette histoire de terrorisme vient zapper leurs efforts pour la vraie cause de la région : «le développement, la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales» nous a affirmé Mohamed Barakati, l’un des acteurs de l’événement.
Le programme de la manifestation se basait sur l’art : musique (groupe Massar ), graffitis, lecture de poèmes, entre autres par le fameux groupe «Klem Charaa», mises en scène théâtrales et animation pour enfants. A peine une heure passée des partisans du Mouvement Echaab (mouvement du peuple) se sont mêlés à la foule alors qu’il y avait des instructions pour qu’aucun parti ne brandisse ses drapeaux afin que l’événement ne soit “politisé”.
«Ils portaient des slogans contre l’attaque israélienne sur la Syrie du genre :”Solidaires, solidaires de Damas à Kasserine”.
D’autres personnes ont profité de cette perturbation et ont commencé à interpeller les manifestants en leur disant :
“Nous n’avons pas de terrorisme, vous vous êtes en train de danser et chanter alors qu’on a des problèmes de développement.” nous rapporte Mohamed Barakati.
Pour ne pas envenimer la situation, les organisateurs de l’événement ont du ranger leurs affaires et ont quitté les lieux.
«Actuellement, les habitants de Kasserine vivent dans une atmosphère sous tension, dans la peur. C’est une histoire qui fait mal et qui ne touche pas seulement notre ville mais toute la Tunisie» nous confie Taoufik Omri, un employé à l’Institut national du patrimoine
A cause des explosions de mines et des mauvaises nouvelles “venues de la montagne”, le nombre de rumeurs prolifère. En outre, la visite présidentielle n’a pas été annoncée dans les médias. Dans les cafés, c’est bien plus tard que les habitants l’ont appris.
«L’histoire de la visite du président provisoire Marzouki nous a achevés. Nous n’étions même pas au courant ! Il est venu en catimini pour ensuite faire sa pub avec sa propre caméra et sans la présence des médias» déplore M. Omri.
Outre les problèmes de trafic de drogue à cause desquels les deux cités principales, Zouhour et Ennour, sont devenus infréquentables à partir de six heures du soir, les habitants de Kasserine sont inquiets du tournant des événements où la situation sécuritaire s’est beaucoup détériorée.
De leur côté, l’armée et la garde nationale continuent à encercler et pourchasser les djihadistes. Toutefois, hier, deux hommes déguisés en niqab ont été interceptés par les habitants. Ces derniers les ont pourchassés mais les présumés “terroristes” dans toute la ville a parlé ont pu s’échapper dans la direction de la cité Zouhour contrôlée depuis quelques mois par un dealeur de drogue dénommé Anas Guermiti.
Pour Mme Mhamdi, M. Omri, Barakati et tous les acteurs de la société civile à Kasserine, le combat contre le terrorisme est essentiel voire prioritaire maintenant. D’autres initiatives seront bientôt organisées pour faire face à la peur afin de reprendre le combat initial, celui de la lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté.
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