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Wednesday 22 May 2013

Bouteflika quitte Val-de-Grâc




Le Quotidien d'Oran, 22 mai 2013
Le président Abdelaziz Bouteflika a quitté, mardi, l'hôpital militaire du Val-de-Grâce et a été transféré à l'Institution nationale des Invalides, Paris (VIIe), dans un appartement de convalescence.
L'information rapportée, hier, par des médias français a été confirmée par le ministère français de la Défense qui a indiqué que le chef de l'Etat a été transféré mardi «dans un autre établissement afin d'y poursuivre sa convalescence». Avant cette annonce, les autorités algériennes tentaient, laborieusement, de contenir des rumeurs alarmistes et des interrogations au sujet de la santé du président et de sa capacité à assumer ses fonctions. Après Abdelmalek Sellal, lundi soir, c'était au tour du président du Conseil de la Nation Abdelkader Bensalah d'essayer de rassurer sur la santé du président qui se «porte bien». Tout comme Sellal, la veille, il a dénoncé les «prêcheurs du désespoir» en appelant à «laisser l'homme se reposer et revenir au pays pour poursuivre l'oeuvre de construction et d'édification». Abdelkader Bensalah a profité de l'ouverture d'une journée d'études sur le Conseil de la Nation pour faire cette «mise au point» contre les «brailleurs». Un discours «offensif» déjà entamé la veille par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans une tentative, presque impossible, de rattraper une défaillance générale de la communication qui a fait le lit de toutes les rumeurs.

ENRICO MACIAS-STORA

On a trouvé dans les médias même des propos attribués à Enrico Macias qui prétendrait avoir vu le président algérien… Mais c'est la loi du genre dans les situations d'incommunication. L'historien Benjamin Stora qui n'a, à priori, pas plus d'information que les autres a pris argument sur le culte du secret pour se lancer dans une équivoque «il est très difficile de dire s'il est toujours en vie» sur Europe 1. Il est clair que cette situation faite de rumeurs et de spéculations risque de durer tant qu'il n'y aura pas une apparition télévisée au moins du président. Les efforts, avec parfois des maladresses étonnantes dans le langage, d'Abdelmalek Sellal ont contre lui cet état d'incrédulité générale qui s'alimente d'elle-même. Le Premier ministre a affirmé que le «pronostic vital» du chef de l'Etat «n'a jamais été engagé» et que son état de santé s'améliorait de jour en jour. Il a expliqué que les médecins lui ont recommandé «d'observer un strict repos en vue d'un total rétablissement».

UNE PHRASE DE TROP

Une fois avoir dit cela et insisté sur le «strict repos», M.Sellal a ajouté la phrase de trop qui suscite des commentaires assez acerbes sur le net. «En convalescence en France, le président de la République suit journellement les activités du gouvernement, en attendant son retour pour poursuivre sa mission au service de l'Algérie et de la nation». Le reste est assez habituel comme cette mise en cause des «médias étrangers» qui viseraient, selon lui, l'Algérie «dans ses fondements républicains, son développement et sa sécurité». «La maladie du président Bouteflika ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir», a-t-il affirmé.

L'ARTICLE 88 ET LES «BRAILLARDS»

En attendant que cela devienne un «souvenir», la maladie du président est source de perplexité générale chez les Algériens qui reçoivent des flux d'informations contradictoires. Si Abdelmalek Sellal a ciblé les «médias» étrangers, le discours «offensif» de Bensalah paraît davantage cibler ceux qui au niveau interne posent la question de la «capacité» du président de la République à assumer ses fonctions et sur une éventuelle mise en œuvre de l'article 88 de la Constitution. En réalité, ces interrogations n'ont rien d'hérétiques mais elles restent très théoriques. La mise en œuvre des dispositifs de l'article 88 suppose que le Conseil constitutionnel saisisse le parlement lequel doit déclarer l'état d'empêchement à une «majorité des deux tiers (2/3) de ses membres». Les choses sont claires : ce n'est pas l'opposition qui peut faire passer l'empêchement, ce ne sont que les organes et les partis du pouvoir, majoritaires au parlement. L'agacement de Bensalah contre les «braillards» est superflu. Ce n'est pas cela qui fera taire les rumeurs, ni masquer le problème posé par une information lacunaire.

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