L’accident cérébral du président algérien, hospitalisé à Paris, relance le débat sur sa succession. Il ne devrait pas pouvoir se représenter pour un quatrième mandat en 2014.
Les Algériens ont eu un avant-goût, ce 1er mai, de ce que sera l’après Bouteflika. Le président algérien, 76 ans, hospitalisé à Paris, au Val de Grâce, était absent, pour la première fois depuis 1999, à la finale de la coupe d’Algérie de football.
C’est son premier ministre Abdelmalek Sellal qui a remis le trophée aux joueurs de l’USM Alger menés par le Français Rolland Courbis.
LA REMISE DES MÉDAILLES BOYCOTTÉE
Mais l’après Bouteflika qui se profile a déjà apporté son premier couac. Les perdants du Mouloudia d’Alger, mécontents de l’arbitre, ont boycotté la cérémonie de remise des médailles. Palabres et 25 minutes de retard, sans qu’ils ne changent d’avis. Une première en 49 éditions de coupe depuis l’indépendance. « Cela ne serait pas arrivé si le président avait été là ! », tranche un dirigeant de la fédération algérienne de football.
En réalité, avant même l’accident vasculaire cérébral du 27 avril, il y avait presque tous les jours des événements concernant la présidence mais d’où Abdelaziz Bouteflika, diminué, était absent. Plus de voyages de travail à l’étranger depuis 16 mois, deux conseils des ministres seulement en une année, aucun discours public depuis l’automne 2011.
L’ « AFFAIRISME » DE LA FAMILLE PRÉSIDENTIELLE MIS EN CAUSE
Cela n’a pas empêché son entourage, son frère Said en premier, de distiller de gros coups de sonde pour un quatrième mandat présidentiel en avril 2014, au nom « de la stabilité politique et de l’unité du pays ». L’idée n’est pas vraiment passée. Notamment auprès du DRS, les services de la sécurité militaire, bras politique de l’armée algérienne.
Une campagne « anti-corruption » lancée d’Algérie et revenue en boomerang d’Italie a fait de gros dégâts dans le camp présidentiel. Le partenaire italien ENI-Saipem a avoué avoir versé des pots de vins pour obtenir des marchés auprès de Sonatrach, la grande compagnie pétrolière sous la coupe de Chakib Khelil, ministre de l’énergie de 1999 à 2011 et proche du président.
Le nom de Said Bouteflika a été cité plusieurs fois dans les rapports d’enquête et dans la presse algérienne, enhardie et prête à porter le fer sur « l’affairisme avéré » de la famille du président.
LE PROJET D’UN QUATRIÈME MANDAT « TRÈS MAL ENGAGÉ »
Dans un tel contexte, « le projet d’un quatrième mandat était très mal engagé pour Bouteflika. Son hospitalisation et sa mise au repos officiellement, changent la donne de la fin de son troisième mandat », estime Selim Kheyami, éditorialiste au Quotidien d’Oran.
Le journal avait lâché « une bombe », la veille de l’accident de santé du président : Abdelaziz Bouteflika aurait limogé son frère Said de son poste de conseiller à la présidence – qui lui procure la position de force qu’il a acquis ces dernières années.
Le président, dont les jours ne sont pas en danger dans l’immédiat, continue de se rappeler au souvenir des Algériens par voie de communiqué, comme il l’a fait pour la fête du premier mai.
L’ÉPINEUSE QUESTION DE LA SUCCESSION
L’option qui domine dans le sérail algérien « est de continuer de gérer une sorte de vacance partielle à laquelle le système s’est largement habitué », pense un élu du Front des forces socialistes (FFS), parti d’opposition représenté au parlement.
« Jusque-là, il se dégageait une tendance pour en finir avec Bouteflika, dont l’incapacité est devenue politiquement un risque pour le système. Son nouvel accident de santé oblige les militaires à se mettre d’accord plus tôt que prévu sur un successeur ».
Et là tout devient plus compliqué. L’actuel premier ministre, Abdelmalek Sellal, technocrate sans relief politique, fait pâle figure. Les autres options sont hors champ du pouvoir.
Ali Benflis, ancien premier ministre de Bouteflika et candidat malheureux contre lui en 2004, se prépare discrètement à l’échéance de 2014, mais ne parle pas en public. Tout comme pour les décideurs de l’armée, une incapacité définitive du président serait pour lui malvenue dans l’immédiat.
LA RECRUDESCENCE DES TENSIONS
L’option d’une longue vacance transitoire d’une année n’arrange pas pour autant les affaires d’un pays où les tensions calmées par les dépenses publiques en 2011, remontent fortement depuis le début de 2013.
Fait inédit, des dizaines de femmes, exclues du logement social, ont coupé une route nationale lundi à l’ouest du pays. Un phénomène ordinairement réservé aux jeunes émeutiers, qui s’agitent toutes les semaines.
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