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Sunday 23 January 2011

Témoignage : Un cri poussé de l’intérieur du système, héritage du régime de Ben Ali


Ce récit est celui d’une fonctionnaire tunisienne (A.H) qui travaille dans un des Ministères actuels. Il dénonce les pratiques en internes et les coulisses des ministères qui échappent aux plumes et aux caméras des médias.

La fonctionnaire crie au scandale en constatant qu’en interne les choses sont restées au statu quo et ce au sein de son ministère et des autres ministères , on garde les personnes méconnues du public mais dont les magouilles sont connues par les fonctionnaires de l’état. Elle dénonce “l’existence d’au moins 2000 cadres et directeurs pro RCD, formés sous l’ancien régime , dont la moyenne d’âge est de 50 à 60 ans et qui ont tout intérêt à tirer le système vers le bas.
Une révolution est un changement en profondeur, un changement radical. Il faut couper avec le passé et éliminer tous ce qui nous lie avec un régime contesté et désormais refusé par tout le peuple.
Je m’adresse ici essentiellement aux jeunes qui ont été longtemps marginalisés dans ce pays, surtout sur le plan politique, et qui doivent prendre conscience qu’ils seront, dans vingt ans, les dirigeants du pays ; et ce futur nous le construisons ensemble dès aujourd’hui !!
A travers ce texte, je voudrais susciter la conscience de tous et de chacun ; Aujourd’hui nos revendications prennent toute leur légitimité. Aujourd’hui le rêve peut devenir réalité !!
Mais pour rêver, il faut dissoudre tout le système hérité du régime de Ben Ali. Il ne s’agit pas seulement de renvoyer les gens du RCD, et il ne s’agit pas non plus d’évincer les ministres ayant appartenu à ce parti. L’enjeu est plus important et doit être vu de manière plus radicale. Ce qu’il faudrait c’est de dissoudre le système établi par la politique de Ben Ali de l’intérieur, en s’attaquant à l’administration publique tunisienne. Le gouvernement ce n’est que la façade, une vitrine qui cache un réseau ancré dans tout le système administratif et judiciaire tunisien. Le système interne à l’administration publique tunisienne constitue une imbrication de réseaux d’intérêts, formés par des fonctionnaires et hauts cadres de l’Etat, qui ont longtemps profité du fonctionnement voulu défaillant et corrompu de l’administration publique. Ces réseaux partent de l’administration centrale, où la concentration de hauts cadres est la plus importante, vers les administrations régionales, essentiellement dirigées par les gouverneurs, et allant jusqu’au simple « omda », un policier réincarné ! Tous ces gens constituent des maillons du système, et y ont puisé de près ou de loin. Tous ces gens représentent encore le système de dictature et de corruption.
C’est ça aussi le régime de Ben Ali ! Outre la malversation et les pratiques illégales de deux familles malhonnêtes qui s’accaparaient le pouvoir, il ya aussi une population de 400 mille fonctionnaires qui ont baigné dans un système tyrannique et corrompu, bien gardé par les alliés du RCD que par ceux qui profitaient de ce réseau mafieux formé par les membres des deux familles Ben Ali et Trabelsi.
Alors, maintenant il faudrait être catégorique quant à la réforme en profondeur de l’administration publique. Oui pour un gouvernement indépendant et compétent, et non pour la préservation des hauts cadres de l’Etat, qui ne faisaient que servir leurs intérêts et l’intérêt de personnes corrompues et opportunistes qu’ils servaient.
Il faut bien penser à la menace posée par les hauts cadres de la fonction publique, et tous les autres cadres occupant les soit-disons postes politiques (directeurs généraux, secrétaires généraux, chefs de cabinets, gouverneurs et chefs de délégation, cadres et présidente de la Cours des Comptes, composition du tribunal administratif et des instances de contrôle tels que le Contrôle Général des Finances, le Contrôle Général des Services publics.. etc). Bon nombre de ces personnes n’ont pas intérêt à ce que le système change et ils risquent de constituer un contre poids très important qui va tirer vers le bas toutes les décisions de réforme et les revendications engendrées par cette révolution.
Il est bien beau de décider la neutralité de l’administration publique, mais il sera bien difficile de la mettre en œuvre, parce que la réticence est grande des la part de ceux qui ont intérêt à perpétuer un système malsain, opaque et corrompu. Dans chaque ministère et dans chaque organisme public il y a des garants du système. Des gens individualistes, appliquant la loi du plus fort, ayant eu l’habitude d’être chouchoutés par leurs collègues hypocrites. Moi qui suis au sein de ce système je dis toujours que dans chaque administration il y a de petits dictateurs. Alors il devient primordial dans les circonstances actuelles de bien faire attention à ces gens, et de prévoir des mécanismes pour les écarter et pour leur enlever tout pouvoir illégal, et plus loin encore, ils doivent être jugés sur tous le mal qu’ils ont imposés à leurs collègues et sur la mauvaise image de l’administration publique, dont ils sont aussi responsables.
L’intention de ce récit est de sensibiliser les gens, surtout les jeunes, quant à l’impératif de changer l’administration publique et les hautes instances de contrôle de l’état. Tous les textes juridiques doivent être revus et réaménagés. L’époque de Ben Ali a connu une grande instrumentalisation des lois, ainsi qu’une surcharge en textes réglementaires (Ben Ali à lui seul signait des milliers de décrets chaque année sans respecter le principe de hiérarchie des textes légaux, il se prononçait sur tout et se permettait même de changer des lois par des décrets ! sans compter les circulaires illégales et despotiques que produisaient les ministres).
Toutes ces pratiques et bien d’autres ont engendré une administration publique caractérisée par la culture du laisser-aller, du mutisme, de l’injustice et l’inégalité du traitement ; tout est permis aux cadres les plus forts, ceux qui soutenaient le système de Ben Ali, et qui étaient soutenus par ses alliés, et par les alliés des capitalistes immoraux, sans scrupule et sans limites. Le système de ben Ali est ancré dans le fonctionnement de l’administration publique, et il ne faut pas sous-estimer sa force et son ampleur.
Je voudrai attirer votre attention sur un indice important qui soutient ces propos. Si on observe bien la composition du gouvernement de transition telle que annoncée au début, on remarque que le premier ministre n’a pas touché aux ministères piliers, et surtout au premier ministère. Ceci peut montrer la mauvaise foi et la volonté bien maquillée de garder les gros lots du système construit par le régime Ben Ali. Sachant que le premier ministère constitue un condensé de cadres sortants de l’Ecole Nationale d’Administration, ayant reçu un lavage de cerveau les préparant à se fondre dans le système corrompu et injuste, et qui les dissuade de s’y opposer pour ne pas subir la colère des plus grands.
En définitif, il faut dissoudre le système de l’intérieur. Il fait l’affaiblir en virant les croque-morts et les « dinosaures » de la haute fonction publique, et en révisant les textes juridiques fondamentaux qui organisent le fonctionnement de l’administration publique. Commencer par renvoyer tous les directeurs maintenus après l’âge de la retraite, et opérer des changements organisationnels au niveau de la distribution des effectifs, en donnant la chance aux jeunes d’occuper de participer à la prise de décision à haut niveau. Aussi prévoir de nouvelles méthodes de recrutement afin que les jeunes compétences tunisiennes puissent contribuer au changement radical du système et soient plus motivés pour intégrer la fonction publique, en leur donnant une plus grande marge d’expression et d’action.
Nous disons « dégage » aux garants du système !! Vous avez raté votre chance de préserver les intérêts de ce pays ! Laissez les jeunes ambitieux construire l’avenir de la Tunisie !!
A.H
Une voix parmi celles des jeunes Tunisiens

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