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Thursday 20 January 2011

Le CRIF, par Richard Prasquier



20/01/11

 Editorial
Im en ani li, mi li ? Si je ne suis pas pour moi, qui le sera? Je voudrais aujourd’hui écrire sur le CRIF. Je verse peu dans l’autoglorification. Mais en ce début d’année civile, à l’approche du diner du CRIF  (9 février), auquel le Président de la République ainsi que le Premier Ministre feront l’honneur de leur participation, en même temps qu’une grande partie de la classe politique et des autorités civiles de notre pays ainsi que des ambassadeurs des pays étrangers, il me semble utile de rappeler ce qu’est notre institution, qui, ami lecteur, doit être aussi « votre » institution.
Nous ne sommes pas une organisation de masses. Nos « membres » ne sont pas des individus : ceux-ci sont les délégués de leur organisation ; le CRIF est le Conseil  des Institutions Juives et non pas le Conseil des Juifs de France. Distinction importante: une organisation intervenant dans le domaine politique et rassemblant des personnes définies par leur judéité serait une étape fatale vers une recomposition communautariste de notre pays, à mille lieues de ses traditions, de son ancrage dans la laïcité et ses principes d’universalité. Et au jeu des comparaisons quantitatives, nous serions forcément perdants.
Nous revendiquons notre pluralisme. Pluralisme d’origines, de pratiques, de positions politiques pour la France et d’opinions pour Israël. Le CRIF a eu ses conflits, non sans rudesse : il est uni. Car la rudesse dans la loyauté vaut mieux qu’un apparent consensus parcouru de chausse-trapes!
Ce qui nous réunit est considérable, ce qui nous sépare est mineur. Nous partageons le rejet du totalitarisme, le refus du sectarisme d’où qu’il vienne, la volonté d’ouverture vers la société civile et ses différents représentants. Nous sommes surpris devant l’aveuglement aux dangers du radicalisme islamique –salafistes ou Frères musulmans. Nous ne mélangeons pas Islam et islamisme. Citoyens français, nous appartenons au peuple Juif dont Israël est l’Etat et Jérusalem la capitale immémoriale. Nous pensons que les discours de haine témoignent du rejet existentiel de cet Etat, au-delà des déclarations lénifiantes des leaders dits modérés, et qu’ils sont un énorme danger pour l’avenir. Nous voulons un Etat palestinien non« judenrein » où les réfugiés palestiniens auraient leur place, mais pas dans l’Etat d’Israël. Nous savons que la bombe nucléaire iranienne menace notre civilisation tout entière.
Nous croyons qu’il est dangereux de nous recroqueviller, honteux de nous entre-anathémiser et lâche de nous taire.
Et nous savons que la lutte anti-israélienne aujourd’hui ne se joue pas seulement sur les champs de bataille de là-bas, mais aussi dans les opinions publiques d’ici, que ses campagnes, rapport Goldstone, flottille de Gaza ou collectif pour le boycott d’Israël, sont des jalons d’un mouvement organisé de délégitimation : la « law-fare » poursuit les objectifs de la « warfare ».
Les pouvoirs publics connaissent notre rôle, eux dont nous sommes des interlocuteurs privilégiés. Ces derniers jours, réintégration de Mme Pederzoli, succès judiciaires contre le boycott, colloque contre Israël annulé, le CRIF a agi sans gesticuler et a réussi. D’autres s’en attribuent parfois les mérites: la défaite est orpheline, mais la victoire a plusieurs pères. Nous savons ce qu’il en est. Je remercie tous ceux qui, membres, amis ou personnels du CRIF nous permettent de travailler avec une efficacité toujours améliorée dans une période difficile où l’union est une obligation absolue. Car nous n’oublions pas non plus : « Im ani rak li, mi ani ? Si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? »
Article publié dans Actualité Juive 20 janvier 2011.

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