18 JANVIER 2011
Shiraz Sayah, chef d'entreprise, est la fille d'une personnalité connue en Tunisie, qui fut ministre sous Bourguiba. J'ai fait sa connaissance, comme celle de beaucoup d'ami(e)s dans ce pays, grâce à FaceBook - qui fut aussi, on l'a assez dit, le "moteur" de cette révolution. Elle m'a envoyé cet appel à soutenir ses compatriotes à ce cap décisif, alors même que l'unité est nécessaire et que, malheureusement, toutes les divisions ne sont pas surmontées : ainsi, aujourd'hui, a-t-on vu les premières démissions dans le nouveau gouvernement d'union nationale ... bonne lecture !
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La Tunisie vit des moments historiques mais également très dangereux si nous ne nous organisons pas. Nous-nous devons de le faire de façon structurée et réfléchie pour ne pas tomber dans le piège constitutionnel programmé que nous a laissé le régime Ben Ali. Nous devons également canaliser toute cette énergie positive qui a mené au renversement d’une des dictatures policières des plus virulentes.
Différentes voix se sont exprimées ces derniers jours sur les médias français notamment mais aussi arabes tels que Al Jazira. Il s'agit essentiellement de mouvances intégristes se montrant très avenantes et pro démocratiques, mais également des communistes (qui ont tout mon respect) mais qui ne feront pas le poids devant les Ghannouchi, Mathlouthi et autres extrémistes soutenus par des pays arabes qui les financent. Nous avons également vu des jeunes jusque là inconnus, brillants certes, mais sans réelle culture politique, sans expérience et sans mémoire d'un ÉTAT au sens où l'entendaient Montesquieu et John Locke (pour cause d'arabisation et de destruction du système éducatif national) et aucune connaissance des principes fondamentaux d'un état moderne, du fait de la chape de plomb qui s'était abattue sur le pays depuis 23 ans.
Entre cette extrême gauche et cette extrême droite, il y a cette majorité (silencieuse jusque là) démocrate, laïque, libérale, moderne qui est à l'origine de cette révolution. Cette révolution ne doit pas lui être usurpée. Or le risque est très grand et j’en appelle aux médias pour nous aider à faire passer messages et appels. Cette majorité doit trouver le temps de se structurer et de dépoussiérer les bases que nous avons fondées en près d'un siècle (La Tunisie moderne a commencé à se bâtir au début du 20ème Siècle). Les choix qui ont été fait à l'aube de l'indépendance expliquent en très grande partie la maturité de ce peuple qui n'a pas fait cette révolution pour le prix des denrées alimentaires comme le prétendent certains (ça c'était en 1984). Nous avons dépassé tout cela.
Il est urgent de se structurer tout en restant dans un cadre légal et faire un appel aux forces vives de ce pays (Avocats, Juristes, Universitaires, Patronat, Diplomates de carrières, fonctionnaires et cadres, etc...) pour repenser une constitution et des textes juridiques basés sur les principes de démocratie, pour mettre les gardes fous nécessaires et sécuriser les acquis de cette révolution mais aussi tous ceux que nous avons risqué de perdre avec le régime Ben Ali.
Entre temps, le chaos ne doit pas s'installer sous les rumeurs qui se multiplient. Nous devons faire cesser ces rumeurs qui terrorisent la population, et nous rappeler que c’est une méthode policière que nous n’avons que trop subi dans le passé. Nous devons cesser de les relayer et les médias aussi. Nous devons nous remettre au travail et laisser l'armée sécuriser le pays. Nous devons combler le vide politique et institutionnel qui a été orchestré par les conseillers de Ben Ali. Ils ont verrouillé le système et décimé le pays. Nous devons impérativement aujourd'hui reconstruire unEtat Moderne avec Pouvoirs et Contre Pouvoirs.
Nous ne devons pas tomber dans les clichés si nombreux. Le plus courant étant que « nous ne pouvons pas faire du neuf avec du vieux » et autres adages que les gens répètent sans réfléchir. N’insultons pas notre élite et tous ces fonctionnaires, hommes et femmes honnêtes qui ont travaillé pour le pays sans discontinuer depuis 55 ans, chacun à sa manière et qui ont une expérience précieuse. Nous avons besoin d’eux dans ce vide politique justement pour passer le relais !
Ne tombons pas dans tous ces pièges et tant d’autres !
Nous devons faire tout cela en 6 mois tout en « respectant » l’esprit des lois en vigueur ! Comment ?
Pour cela j’en appelle à toutes les personnes adhérant à ces idées : défenseurs des droits de l’homme, économistes, juristes, universitaires, hommes et femmes de tous âges, associations reconnues ou non, patrons de PME et de grands groupes, cadres, anonymes, tunisiens de toute confession et toute mouvance politique pour lancer une réflexion et trouver rapidement des solutions.
Nous avons besoin pour cela de tous les amis de la Tunisie et de tous les défenseurs de la liberté. Des relais sur les médias des pays démocratiques doivent nous servir de porte voix et nous soutenir.
L'enjeu n'est pas uniquement pour la Tunisie mais pour tout le pourtour méditerranéen.
Tant de choses à faire ! Et tout cela en 6 mois ! Délai constitutionnel oblige.
Shiraz Sayah
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