Slim Amamou lors de sa prestation de serment, le 18 janvier 2011. (AFP/Fethi Belaid)
C'est sur son fil Twitter que Slim Amamou a annoncé son entrée dans le gouvernement d'union nationale, lundi. Quatre jours plus tôt, ceblogueur, militant de l'internet libre, était encore en prison, accusé par le régime de Ben Ali d'avoir participé à l'opération internationale de hackingdes sites gouvernementaux tunisiens, lancée par Anonymous.
Arrêté le 6 janvier en même temps que deux autres cyberactivistes et le rappeur El General, il est le dernier à avoir été relâché, juste après le dernier discours télévisé de Ben Ali, jeudi 13 janvier. Le président, presque déchu, y promettait la «liberté totale» de l'information et de l'internet. En prison, le cyberactiviste a subi quelques mauvais traitements (privation de sommeil, ligotage à une chaise pendant cinq jours...), a perdu ses cheveux longs bouclés. Le voilà désormais le crâne rasé.
Photos extraites du fil Twitter de @slim404
Novice en politique, pour laquelle il n'a jamais vraiment milité, slim404 (référence à «page 404 not found», le code d'erreur qui s'affichait lorsque la censure tombait sur une page Web) s'est surtout investi sous Ben Ali dans la défense de l'internet libre. Ce co-dirigeant d'une PME de développement informatique (Alixsys), et inventeur d'un surligneur pour pages Web, s'apprêtait toutefois à créer en Tunisie une section du parti pirate.
«On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil»
Dans une interview à Public Sénat, il assure avoir dû «prendre la décision en quelques minutes» d'accepter ou non d'entrer au gouvernement. Depuis lundi, le jeune secrétaire d'Etat enchaîne les interviews et attire l'attention de nombreux médias, de la BBC au blog du New York Times, en passant par le Guardian, Le Monde, France Inter et Al Jazira.
Mais parmi les cyberactivistes tunisiens, son choix est loin de faire l'unanimité. Cette communauté, où tout le monde se connaît virtuellement mais où peu se sont rencontrés physiquement sous Ben Ali, a largement pris sa part dans la révolution tunisienne. Beaucoup de ses figures déplorent la composition du gouvernement, dominée par le RCD, ex-parti de Ben Ali.
Depuis lundi, Slim Amamou se fait tancer sur son fil Twitter, où il reste très actif.
«@slim404 nommé au gouvernement, c'est 1peu comme 1artiste underground qui signe sur une major. Il sera lâché par les puristes et adulé par la masse», critique ainsi @fhtagn. «Tu fais une grave erreur en siégeant avec des ministres RCD», fustige un autre. «Nawaat félicite Slim Amamou. On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil», prévenait lundi le collectif de blogueurs, en pointe dans la cyberdissidence.
«Je crois au dialogue»
«On s'est mis d'accord qu'il faut communiquer. Je suis à l'intérieur, je vais vous dire tout ce qui se passe», justifie-t-il sur Twitter après la prestation de serment, lundi. Prestation qu'il a d'ailleurs twittée, du «premier clash de la part des RCDistes sur le fait que je ne porte pas de cravate» à«Moufida Tletli [cinéaste nommée à la Culture, ndlr] a prêté serment devant moi».
Slim Amamou a refusé de démissionner du gouvernement, après le départ de quatre ministres issus de l'opposition, mardi. «Je crois au dialogue, disait-il à Public Sénat lundi soir. Au sujet des anciens ministres de Ben Ali, il n'y a pas vraiment de choix, il faut être réaliste quand même (...). Si vous voulez des gens qui ont du métier et savent ce qu'ils font, il faut faire appel à ces personnes».
Au gouvernement, Amamou veut «transmettre et conseiller sur tout ce qui concerne Internet, que ce soit au niveau technologique ou sur ce que pensent les gens du gouvernement», indiquait-il à Public Sénat, promettant aussi d'«essayer de faire en sorte que le gouvernement soit plus connecté».
Mission partiellement remplie, à en croire ce qu'il écrit ce matin à propos de Sami Zaoui, nouveau secrétaire d'Etat aux technologies de la communication:
Mais Slim Amamou n'est pas au bout de ses peines, comme en témoignent ses derniers twitts en date, ce jeudi matin, où il raconte son arrivée au ministère:
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