Les familles de disparus en Algérie, à l’image de celles de tous les continents, sont toujours sorties dans la rue. La répression vécue à Alger ces dernières semaines ne les a pas dissuadées d’organiser un rassemblement pour leurs disparus devant la Grande Poste en plein centre ville. Dans les autres villes du pays, à Oran et à Constantine, des rassemblements ont été organisés respectivement devant le tribunal et la wilaya. A Oran, les familles se sont immédiatement vues confisquer leur banderole et leurs panneaux où étaient revendiquées « Vérité et Justice ».
A Alger, une centaine de proches de disparus ont déroulé une longue banderole « 30 août : journée internationale des disparus », ont lâché des ballons au logo de l’association et brandi haut les photos des disparus. Les slogans ont commencé à s’élever et à attirer l’attention des passants. Plusieurs personnes intéressées ont pu, pour la première fois, s’approcher et poser des questions aux mères de disparus. Le rassemblement a ainsi battu son plein dans le calme, durant trois quart d’heure, profitant de l’absence des forces de l’ordre.
Cependant, ce moment de liberté ne s’est pas plus prolongé. Les policiers, alertés, sont arrivés en force et ont déployé une dizaine de véhicules de police autour de la place. Ils se sont rués sur les parents de disparus avant même de demander à la foule de se disperser. Un des représentants du syndicat SNPAPAP, venu soutenir les familles, a été le premier arrêté après avoir été roué de coups parce qu’il scandait les slogans avec force. En tout, neuf personnes ont été emmenées au commissariat de Cavaignac à Alger : deux pères de disparus, âgés de 80 ans, une mère de disparu âgée de 74 ans, deux jeunes sœurs de disparu, des frères et des fils de disparu.
La journée internationale des disparus n’a, pour les autorités et les forces de l’ordre algériennes, aucune signification. Cette journée symbole dénombre en effet le plus grand nombre d’arrestations de proches de disparus depuis l’interdiction du rassemblement hebdomadaire début août. En Algérie et dans plusieurs pays du monde, des réactions de solidarité émergent et encouragent les familles de disparus à défendre leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et de manifestation pacifique. Elles ne se tairont pas et ne tournerons pas la page, pour la Vérité et la Justice en Algérie.
« Nous avons le droit de pleurer sans nous cacher. Parce qu’aujourd’hui, nous pleurons en nous cachant. Nous ne voulons pas nous cacher. Nous voulons que la face du monde nous voie. Nous sommes là, nous existons. Nous avons imposé notre existence. Et nous continuerons à l’imposer. Personne ne pourra nous faire taire. Personne ne nous effacera de la planète. Personne ne nous dictera notre conduite. Nous ne rentrerons pas chez nous tant que nous n’aurons pas fait la Vérité. Et tant qu’ils ne nous aurons pas rendu nos enfants ».
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