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Saturday, 22 January 2011

Violents affrontements à Alger devant le siège du RCD




La marche pacifique en faveur de la démocratisation du régime organisée ce samedi à Alger par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'a pas pu avoir lieu. Des heurts entre la police et les manifestants ont fait plusieurs blessés.
Par Ahmed TAZIR , correspondant de France24 à Alger (22.01) (vidéo)
FRANCE 24 (texte)
 
Les rues d’Alger ont été le théâtre de violents affrontements, ce samedi, entre les forces anti-émeutes et des manifestants venus défier le pouvoir à l’appel d'un parti d’opposition.
Devant le siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), quelque 300 personnes se sont notamment retrouvées bloquées par des centaines de policiers. Selon Saïd Saadi, le leader du RCD, 42 d'entre elles auraient été blessées et transférées dans des hôpitaux de la ville. Parmi elles se trouverait Othmane Amazouz, le chef du groupe parlementaire du RCD. Des sources officielles font état de sept policiers blessés, dont deux dans un état grave. Le journal indépendant "El Watan" rapporte par ailleurs qu’une dizaine d’arrestations ont eu lieu.

Par Ahmed TAZIR, correspondant de France24 à Alger (22.01, 18h)

Selon le quotidien toujours, des affrontements ont également éclaté en périphérie d’Alger entre les forces de sécurité et des manifestants qui tentaient de gagner la capitale. L’AFP rapporte que le dirigeant local du RCD, Reda Boudraa, a été battu à coups de bâton à Béjaïa, à 260 km à l’est de la capitale. La tête en sang, il a été évacué en ambulance.
Les forces de police, présentes en masse dans la capitale algérienne, tentent d’empêcher un rassemblement prévu par le RCD pour exiger une démocratisation du pays. "La police empêche les manifestants de se réunir, témoigne Ahmed Tazir, correspondant de FRANCE 24 à Alger. Tout regroupement de plus de 10 personnes est dispersé."
Un impressionnant dispositif policier a été déployé dès les premières heures du jour, quadrillant entièrement la ville. "L’ambiance est actuellement très tendue à Alger", raconte par téléphone Fayçal Métaoui, journaliste politique pour le quotidien indépendant "El Watan". "Il y a des policiers partout, les entrées principales de la ville sont barrées, le trafic ferroviaire est arrêté, les bus sont contrôlés. Certains sont obligés de faire demi-tour, principalement ceux qui viennent de Kabylie [région traditionnellement opposée au régime du président Abdelaziz Bouteflika, NDLR]", poursuit-il.
"Impasse historique"
Le RCD demande la libération des détenus politiques, la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992, le respect des libertés individuelles et collectives garanties par la Constitution, et la dissolution des assemblées élues, "à l’origine de toute l’instabilité politique dès lors qu’elles ont été imposées par la fraude électorale, selon Saïd Saadi. C’est un mot d’ordre très consensuel", assure le leader du RCD.

Mots d'ordre : libération des détenus politiques et levée de l'État d'urgence.
Saïd Saadi, Chef du RCD
"Nous ne sommes pas simplement en état de crise politique, nous sommes dans une impasse historique, poursuit ce dernier. Il n’y a plus la moindre passerelle entre les autorités et la société. Si nous n’arrivons pas à enclencher un processus pacifique vers une phase de transition, la violence sera beaucoup plus dévastatrice en Algérie qu’elle ne l’a été en Tunisie".
Vendredi, les autorités locales ont, pour leur part, appelé les résidents d’Alger à ignorer les appels à la manifestation prévue samedi devant le Parlement, à 11h.
"Il est demandé aux citoyens de faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d'éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, à leur quiétude et à leur sérénité", indiquait un communiqué de la préfecture d’Alger.
Les manifestations sont interdites en Algérie depuis 1992, date à laquelle l’état d’urgence a été décrété.
Pour l’heure, la contestation populaire n’a pas abouti à une inflexion du gouvernement algérien. "Il est trop tôt pour dire si ce mouvement aura les mêmes conséquences que celui qui a lieu en Tunisie, estime Fayçal Métaoui. Les services de police algériens sont bien plus expérimentés qu’en Tunisie en matière d'émeutes, explique le journaliste. Mais effectivement, si rien ne change, si le gouvernement ne lâche pas un peu de lest, les choses risquent de se corser."

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