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Saturday 16 November 2013

L’abandon de l’élection d’avril 2014 au régime : un crime contre l’Algérie

À cinq mois des présidentielles d’avril 2014, les Algériens naviguent à vue. Et ce ne sont pas les quelques lièvres, qui ont tété la mamelle du régime, qui vont contribuer à rendre crédible cette échéance capitale. De toute évidence, bien que la fausse ouverture puisse tromper des observateurs non avertis, le régime algérien a toujours fonctionné dans l’opacité. Habitué à se maintenir par le coup d’État ou en mobilisant sa clientèle [grâce à la manne pétrolière, celle-ci atteint des proportions alarmantes], le régime algérien se maintient vaille que vaille. Sur ce registre, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Il suffit de citer n’importe quel événement politique depuis le recouvrement de l’indépendance pour étayer cette thèse.

Incontestablement, le dernier remaniement en date prouve, si besoin est, la mauvaise foi du régime. Là aussi, ce ne sont pas les campagnes de presse, dont le parti pris pour les services secrets, le DRS en l’occurrence, est flagrant qui vont éclairer le citoyen. Pour Omar Bendarra, dans une tribune publiée par le site d’information « www.algéria-watch.org », fin octobre 2013, la manipulation n’est plus à démontrer. « Selon cette narration, l’incurie et les scandales de corruption seraient le seul fait du « clan » présidentiel et le DRS, détenteur du monopole du patriotisme, tenterait de circonscrire la gabegie et l’incurie installées par les affidés de Bouteflika », souligne-t-il.

Quoi qu’il en soit, pour qu’il n’y ait aucun malentendu, je considère, pour ma part, que les deux clans, la présidence et les services, n’en font qu’un. Car, si la société algérienne se rebiffe pour reprendre ses droits perdus en 1962, les deux clans s’uniront aussitôt pour assener un coup terrible au peuple algérien. En fait, les cercles du pouvoir sont au moins d’accord sur un point : priver le peuple algérien de la parole, de ses ressources, etc. Cela dit, ce qui est répréhensible, c’est que ça dure depuis plus d’un demi-siècle. Résultat des courses : « la combinaison autoritarisme et système rentier est à la base à la fois du mal-développement, de la crise politique et de la difficulté de sortir pacifiquement, démocratiquement et rapidement du gouffre », déclare Smail Goumeziane lors du dernier débat organisé par El Watan.

Par ailleurs, bien la manne pétrolière cache les défauts du régime, à travers le lancement de chantiers faramineux, force est de reconnaitre que cela ne se traduit pas par l’amélioration des conditions de vie des Algériens en général. « À la prédation, les dirigeants algériens ajoutent en effet un niveau d’incompétence rarement atteint. Les autorités se révèlent complètement incapables d’utiliser les gigantesques dépenses publiques engagées –plus de 500 milliards de dollars –depuis une dizaine d’années comme un levier de production et de création d’emplois », note Omar Bendarra. S’appuyant quasiment sur une seule ressource, le régime algérien fait des hydrocarbures sa chasse gardée. Au lieu de l’utiliser à bon escient et en honorant le sang des chouhadas, qui ont donné leur vie pour que le pays récupère ses richesses, celle-ci fait l’objet de détournement tous azimuts. Selon Omar Bendarra, «la justice italienne a ainsi révélé en 2012 qu’un réseau de corruption connecté à l’ancien ministre de l’énergie, Chakib Khalil, depuis prudemment exfiltré aux États-Unis avait engrangé un milliard de dollars de pots-de-vin sur une série de contrats de réalisation d’ouvrage pour le compte de la compagnie pétrolière Sonatrach. »

Dans ces conditions, comment les Algériens peuvent-ils reprendre le contrôle des rênes du pouvoir ? Si du côté du régime, il n’y a aucune attente [la démission du peuple y contribue amplement], du côté de l’opposition, notamment le FFS, l’espoir demeure possible. « L’espoir est toujours permis », a dit Hocine Ait Ahmed, après le premier tour des élections législatives avortées de décembre 1991. Fidèle aux principes qui l’ont toujours guidé, le FFS organise, le 31 octobre et le 1er novembre 2013, une convention nationale sur l’énergie. En plus de l’état des lieux, les intervenants, notamment ceux qui ne sont pas aux responsabilités, admettent que le secteur est sinistré. Bien que les responsables du secteur, invités à l’occasion, ne soient pas de cet avis, force est de reconnaitre que le constat de Chems-Eddine Chitour, un expert pétrolier, tient plus la route que ceux des responsables tentant de justifier le contraire. Pour plus d’information, les comptes rendus sont disponibles sur le site du parti, www.ffs-dz.net.

Néanmoins, si les objectifs de la convention nationale sur l’énergie sont satisfaisants, il n’en est pas de même de l’objectif fixé par le cinquième congrès : le consensus politique national. D’ailleurs, pour le militant de base, la question qui se pose est la suivante : « À cinq mois des élections, comment doit-on faire pour créer les conditions d’un consensus politique ? » Or, pour le premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache, la question des présidentielles ne constitue pas, pour le moment, une priorité. Cette déclaration aurait été faite lors de la commémoration du dix-huitième anniversaire de l’assassinat de M’barek Mahiou. Connaissant la mauvaise foi de la presse à rapporter objectivement le discours du FFS, il se peut qu’elle ait déformé le propos. Dans ce cas, qu’a-t-on à dire à ceux qui placent les espoirs dans la seule force politique crédible, le FFS ? Habitués à avoir des orientations claires, du temps où Hocine Ait Ahmed dirigeait le parti, les militants du FFS –et c’est le moins que l’on puisse dire –n’en demandent pas plus.

En 1995, par exemple, une période où le flou et le doute commençaient à gagner même les plus déterminés, il a fallu qu’on ait entre les mains le message de Hocine Ait Ahmed pour que les militants reprennent confiance. Pour rappel, à l’époque, le parti a boycotté les élections présidentielles. Donc, le plus important, n’est pas de participer ou de boycotter, mais d’associer le militant à la réflexion en développant un discours très clair. En l’état actuel des choses, on n’assiste pas à ce scénario. Tout ce qu’on peut dire, c’est que la vraie opposition cède le pas. Du moins, sur la crise politique, elle n’est pas assez offensive. Qu’on ne nous dise pas que nos députés ont voté contre la loi de finances 2014 ? Car, sur le plan médiatique, cette action profite aussi au régime en soutenant que l’opposition s’acquitte convenablement de sa mission.

Enfin, il va de soi que l’effacement de l’opposition va allonger indubitablement la durée de vie d’un régime pour qui les intérêts de son groupe passent avant ceux de l’Algérie. En tout cas, face à un peuple léthargique et une opposition inoffensive, la dictature a de beaux jours devant elle. Du coup, plus qu’un devoir, le FFS ne peut se désintéresser de ce rendez-vous capital. Tout compte fait, plus tôt la position du parti est connue, en argumentant le choix, plus tôt la famille politique du FFS réussira à fédérer les énergies au sein du parti et plus tôt le parti gagnera les soutiens de la société. Enfin, ce point de vue est celui d’un simple militant, ou devrais-je dire d’un simple sympathisant, souhaitant que son parti reste une force de proposition, comme il l’était tout au long de son parcours sous l’égide de Hocine Ait Ahmed.


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