Dévoilés pour la première fois en 2012 lors du Zuhai Air Show en Chine, le Wing Loong («ptérodactyle» en chinois) et son avatar armé YiLong («sabre acéré»), avaient défrayé la chronique dans le cercle très fermé des constructeurs de drones.
L’avion sans pilote était la copie parfaite du Predator américain et avait la capacité de tirer une grande variété de missiles et de bombes lisses ou guidées ; il affichait sensiblement les mêmes performances que ses homologues américains ou israéliens. Avec ses 14 mètres de long, 17 d’envergure et son moteur à propulsion à l’arrière permettant au drone de soutenir des opérations de surveillance 20 heures durant sur des distances allant jusqu’à 4000 km à une vitesse avoisinant les 400 km/h, il ne coûte que la somme dérisoire d’un million de dollars par système. AVIC, son constructeur, n’a jamais caché son objectif qui est de hisser l’empire du Milieu au rang de premier exportateur de drones armés au monde et détrôner Israël.
Des infos qui ont fuité sur les médias sociaux chinois, très au point du fait militaire et ayant préalablement dévoilé les photos de projets secrets (J20, J30, WZ10), font état du succès que rencontre l’exportation du YiLong et citent le carnet de commandes actuel qui concerne cinq pays que sont l’Egypte, la Namibie, le Soudan, le Venezuela et... l’Algérie qui serait en plus le plus grand acquéreur. L’Algérie court derrière les drones depuis quelques années déjà, bien qu’équipée en drones sud-africains Seekers I et II, acquis à la fin des années 1990 pour les dix premiers et vers 2010 pour ceux de seconde génération. Leurs performances limitées et leur nombre ont été un frein à leur exploitation, mais il reste qu’ils ont servi très tôt d’assise pour la prise en main de ce genre d’équipements et la création du 545e Escadron de reconnaissance et de guerre électronique, à ce jour l’unique structure robotisée de l’ANP.
4 escadrons
En parallèle, l’armée et d’autres secteurs en Algérie ont essayé de se lancer dans le domaine en réalisant quelques prototypes d’observation, un pour l’armée, le CSS1 construit localement sur des plans drones sud-africains, qui a volé à Biskra en 2011. Et un autre, annoncé en grande pompe par le Centre national de recherche en soudage et contrôle (CSC), dont le vol inaugural, attendu le 5 juillet dernier, fit long feu. D’autres tentatives et prototypes ont aussi été annoncées par quelques instituts et même par des passionnés d’aviation. Ces derniers projets s’assimilant plus à de l’aéromodélisme, ils ont été loin d’empêcher ‘ANP d’aller voir sur les marchés mondiaux ce qui est disponible. Tâche difficile vu la position prédominante du duo Israël-USA dans cette industrie, où même les géants de l’armement russes ou européens jouent au second plan. Le ministère de la Défense avait réussi à convaincre General Atomics, le constructeur du Predator, à faire une offre aux Algériens.
La difficulté étant de le convaincre de ne pas avoir de personnel en Algérie et laisser l’ANP gérer à 100% la flotte de drones. Les négociations seraient toujours en cours. L’introduction du YiLong permettra de rendre plus efficace la lutte antiterroriste dans le Grand Sud et percer l’isolement de certaines zones fortement boisées au Nord. Elle permettra d’assurer une surveillance continue de l’ensemble des sites sensibles et des installations pétrolières et de rationaliser les coûts de surveillance aérienne du territoire en allégeant la charge sur les avions et les équipages. Elle assurera la possibilité d’intervenir bien au-delà des frontières et de manière fort discrète et d’entreprendre des actions proactives dans la bande sahélienne. Il est légitime de penser que l’Algérie optera pour quatre escadrons, un pour le Nord, un pour la surveillance des installations pétrolières et deux pour la surveillance des frontières sud.
Akram Kharief
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