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Monday, 4 November 2013

Que pourrait révéler l’enquête en Algérie sur la mort des moines de Tibhirine ?

Le juge Marc Trévidic devrait être autorisé à se rendre en Algérie mi-novembre pour une réunion préparatoire à son enquête sur la mort des sept moines.

Le P. Armand Veilleux, procureur général de l’ordre des cisterciens à l’époque de l’enlèvement des moines et Père abbé de l’abbaye cistercienne N.-D. de Scourmont, en Belgique, était présent à l’Élysée mercredi dernier lorsque le président François Hollande a annoncé cette nouvelle étape pour l’enquête.

AVEC CET ARTICLE

« Depuis 2008, le juge Trévidic a fait tout ce qu’il pouvait côté français, menant de nombreuses auditions et exploitant à fond un dossier qui fait désormais plusieurs milliers de pages. Cela l’a conduit à vouloir entendre des Algériens, que ce soit des anciens combattants, des responsables de l’époque ou des personnes qui auraient été détenues avec les moines. En 2011, il a communiqué une liste d’une vingtaine de noms à la justice algérienne. Mais depuis, ses visites sur place ont toujours été reportées ou annulées par l’Algérie.

Ses interrogations portent sur les trois étapes de l’affaire et il n’a pour le moment écarté aucune piste. D’abord, qui a enlevé les moines, sur l’ordre de qui et dans quel but ? Il semblerait que des islamistes aient commis l’enlèvement. Mais de quel groupe s’agit-il précisément et n’était-il pas infiltré par les services secrets ? Ensuite, il faut savoir qui a détenu les moines et combien de temps ? On parle de deux mois mais c’est probablement moins. Le juge a une idée assez précise de leur itinéraire en détention, ils sont probablement passés entre les mains de plusieurs groupes. Mais il doit vérifier lesquels et sur ordre de qui. Enfin, il s’agit de savoir qui a tué les moines et qui a commandité ces assassinats.

Pour trouver ces réponses, les auditions sont un élément majeur, mais le juge veut aussi exhumer et faire autopsier les têtes. D’abord pour vérifier qu’il s’agit bien de celles des moines. Les familles ont donné des échantillons, il y a deux ans, pour permettre de comparer les ADN. Le juge veut aussi savoir s’ils ont été décapités avant ou après leur mort, ce qui peut être éclairant concernant les auteurs.

Dix-sept ans après les faits, tous les spécialistes s’accordent à dire qu’on peut découvrir encore beaucoup de choses, même si ce sont des analyses très pointues et qu’il faut donc que le juge soit autorisé à travailler avec ses propres équipes et non avec celle des Algériens. C’est un des points de négociation. Déterminer qui auditionnera les personnes en est un autre, car même entre pays européens, il est parfois difficile que ce soit le juge du pays enquêteur qui interroge. Un juge d’instruction algérien a été nommé, dont on ne sait pas encore s’il servira d’intermédiaire ou s’il essaiera de se substituer au juge Trévidic. »

RECUEILLIS PAR FLORE THOMASSET

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