L’avenir de la communauté juive de France est au centre des préoccupations des Juifs mais pas seulement.
A l’heure où chaque membre de notre communauté se pose la question qui divise toujours autant de faire ou de ne pas faire l’alya, les gouvernements eux même se posent aussi la question sur ce que va faire la communauté juive de France. Le gouvernement israélien multiplie les mesures d’encouragement pour les juifs de France à grand renfort de subventions et d’aides en tout genre, même si elles ne sont pas toujours à la hauteur des attentes des olim potentiels. Il est un autre gouvernement qui se pose aussi cette question mais pour d’autres raisons. En effet, une alya massive des juifs de France serait vécue comme une humiliation pour cette République Française qui se veut la terre des droits de l’homme, de l’amitié entre les peuples, soucieuse de l’avenir et de la sécurité de « sa » communauté juive, la plus importante d’Europe.
Un pays occidental qui verrait les juifs déserter cette terre d’accueil dans laquelle une présence juive remonte à la nuit des temps serait la risée de l’occident, le souvenir de la Shoah n’étant pas si ancien que ça. Même si chacun fait son possible pour enfermer cette tragédie perpétrée en Europe dans les profondeurs des livres d’histoire, faire le constat que les leçons n’ont pas été retenues serait la plus grande honte pour une démocratie. C’est pourtant ce que craignent les ministères français concernés par cette envie massive de départ des juifs de France vers d’autres horizons.
Je suis convaincu que la question de l’antisémitisme n’est pas la raison principale des juifs français pour envisager le grand saut au dessus de la Méditerranée. Plus profondément, je pense que la question se pose plus pour répondre à des considérations d’ordre économique et social. L’avenir des enfants étant le plus souvent avancé pour justifier ce désir de partir vers un pays offrant des perspectives meilleures comme Israël qui affiche des statistiques économiques très attractives.
Il y a une trentaine d’années, on estimait que 750000 âmes composaient la population juive. Ce chiffre n’a jamais pu être vérifié et ne relève que de l’estimation. Il n’empêche que si on considère qu’environ 3000 juifs partent vers Israël chaque année (ce qui est sans doute beaucoup) cela représenterait à peu près 90000 personnes qui seraient montées en Israël depuis les années 80.
Aujourd’hui, nous estimons, sans plus de précision, que la communauté juive de France se composerait de 450000 personnes environ. Inutile d’être très fort en math pour savoir que 750000 moins 90000 ne font pas 450000 ni même 500000.
Alors, où sont les quelques 200000 juifs qui ne rentrent pas dans ce décompte ?
Si on suppose qu’un certain nombre ait pu partir vers d’autres contrées qu’Israël, il faut se rendre à l’évidence que notre communauté a perdu une grande partie de sa population. Cela ne peut s’expliquer que par l’assimilation, par le nombre de mariages mixtes qui ont entraîné notre communauté vers un déclin inexorable.
Plus aucune famille juive traditionnelle en France ne peut prétendre être à l’abri de ce type d’union. Il est devenu très fréquent d’être invité à la célébration d’un mariage mixte, parfois accompagné d’une conversion par un rabbinat libéral complaisant. Chacun trouvant cela normal, tous ne comprenant pas que nous puissions hésiter à assister à ces unions qui bafouent nos convictions les plus profondes. Notre opposition entraînant souvent des débats houleux au sein même des familles allant jusqu’à la rupture et autre accusation de racisme sanctionnant notre volonté de ne pas « cachériser » ce qui représente le plus grand risque de disparition de nos communautés.
Si l’avenir de la communauté juive de France passe de façon normale par une alya motivée par le souci de vivre un judaïsme meilleur, il passe surtout par une prise de conscience globale sur la nécessité de maintenir et de perpétuer nos traditions au sein d’une communauté intègre qui ne subirait pas les affres de l’assimilation.
Nous sommes responsables et solidaires de ceux qui ont écrit l’histoire du peuple juif depuis la sortie d’Egypte. Nous formons une chaîne de vie que nous ne devons pas interrompre. Si Israël est une lumière au milieu des nations, nos coreligionnaires doivent être un phare au milieu des peuples avec qui ils cohabitent.
Le judaïsme ne pourra briller que s’il conserve son intégrité.
Nul ne peut décider de son bonheur et aucun ne pourra prétendre que l’amour est plus fort que tout.
Il est dit dans nos livres que pour se marier, il vaut mieux choisir un conjoint qui vit dans sa rue. Si cela n’est pas possible, il faut le choisir dans son quartier. Si cela n’est pas possible, regarder dans sa ville serait bien. Si cela n’est pas possible, un conjoint originaire du même pays ne serait pas si mal … etc. Pourquoi nos sages pensent ils de cette manière ? Il existe tellement de différences entre un homme et une femme que si l’un et l’autre ont la même origine, cela éliminerait un grand nombre de difficultés qui ne manquent pas de venir compliquer la vie en commun entre deux être qui disent s’aimer.
Le divorce est devenu une solution simple, rapide et naturelle pour rompre l’engagement solennel du mariage entraînant dans cet échec toutes les racines de l’arbre de la vie que nos ancêtres ont arrosé de leur sang pour conserver ce judaïsme si cher à leur âme et à leur cœur.
Les couples peuvent se séparer s’ils le souhaitent mais le judaïsme sera préservé si cette union est conforme à la tradition.
L’avenir des juifs de diaspora passe par l’engagement sous la Houppa qui fait de nos enfants les héritiers de cette histoire qui nous conduira « l’an prochain à Jérusalem ».
Denis Benkemoun pour Ashdodcafe.com
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