Posted On 27 mar 2014
Michel Garroté, réd en chef – Depuis 2007, sur dreuz.info, nous écrivons que seule une guerre terrestre et totale, menée par Israël dans la bande de Gaza et au Liban, permettra d’anéantir définitivement le Hamas et le Hezbollah. La majorité des Israéliens pensent la même chose. En effet, depuis des années, le Hamas menace les civils de la moitié Sud d’Israël et le Hezbollah les civils de la moitié Nord d’Israël. A noter qu’aucun pays membre de l’Union européenne n’accepterait d’être soumis de la sorte à une double et permanente menace existentielle.
Fait éclairant, l’option d’une guerre terrestre et totale menée par Israël contre le Hamas et le Hezbollah a récemment été évoquée par de hauts responsables – politiques et militaires – israéliens. Et deux analyses sont parues dans la presse. L’une de YAAKOV LAPPIN dans le Jerusalem Post ; l’autre de Yossi Melman, sur i24 news. Nous publions ci-dessous ces deux analyses.
YAAKOV LAPPIN, dans un article du Jerusalem Post, reproduit en français par L’Orient-le-Jour, écrit (cf. les deux sources en bas de page) : Dans l’éventualité d’une nouvelle guerre contre le Liban, seule une offensive terrestre de grande envergure pourrait permettre de venir à bout du Hezbollah au Liban, indique un haut gradé israélien au Jerusalem Post. « Il est clair pour l’état-major qu’une manœuvre terrestre serait nécessaire » pour neutraliser la menace d’une attaque massive au moyen de roquettes, note le responsable israélien, qui ajoute que le développement, ces dernières années, des capacités de l’armée de l’air ne change rien à ce constat.
Si « l’ennemi est de plus en plus puissant » en matière de tirs de roquettes et de missiles en territoire israélien, la capacité de l’armée israélienne à lancer une offensive terrestre reste un défi pour lui, souligne la source. En matière d’offensive terrestre, le quotidien israélien fait état d’un processus de renforcement des systèmes militaires israéliens. Environ 40 pour cent des obus d’artillerie sont ainsi en cours de transformation pour parvenir à une précision de tir à 40 km. « Ces améliorations vont éviter aux forces d’artillerie israéliennes de s’enfoncer profondément en terrain ennemi puisque les nouveaux obus ont une portée accrue de 150 %.
Cela nous donne plus de flexibilité opérationnelle », déclare la source au Jerusalem Post. L’armée israélienne devrait par ailleurs acquérir prochainement du matériel pour remplacer ses vieux M109 Self Propelled Howitzer. « Le Hezbollah a des missiles et des engins explosifs (qui peuvent atteindre les véhicules blindés israéliens, NDLR) », note encore la source militaire. En conséquence, les planificateurs de toute offensive terrestre doivent prévoir l’envoi d’unités en profondeur en territoire hezbollahi.
« Ceci signifie que nous devons nous restructurer et nous préparer, et être prêts pour un affrontement qui peut avoir lieu demain, dans quelques mois ou quelques années », ajoute le haut gradé, précisant : « Il est clair que nous devons abréger tout conflit. Une offensive terrestre peut le permettre. » Le haut gradé évoque également une amélioration des communications militaires en temps réel, le développement d’une doctrine de guerre adaptée au terrain hezbollahi – à savoir « des combats dans des espaces fermés, la destruction de tunnels, la prise de cibles fortifiées » – et un changement structurel des forces armées terrestres, sous la forme d’une plus grande autonomie octroyée aux différentes divisions, conclut YAAKOV LAPPIN.
L’expert en sécurité et renseignement Yossi Melman, sur i24 news, écrit (cf. source en bas de page) : La direction du Hamas à Gaza a dû avaler sa fierté et retourna dans les bras de son ancien patron, l’Iran. Mauvaises nouvelles pour Israël: des signes croissants indiquent que le mouvement palestinien Hamas est sur le point de se réconcilier avec le Hezbollah et l’Iran, son ancien banquier et fournisseur d’armes. Ces dernières semaines ont été marquées par d’intenses rencontres secrètes entre les trois parties. Des sources de renseignement occidentales m’ont signalé que bientôt – ce serait l’affaire de seulement quelques semaines – le chef du Hamas Khaled Meshaal, basé au Qatar, se rendra à Téhéran, des informations corroborées par des sources à Gaza. La visite de Meshaal devrait culminer par une rencontre avec le guide suprême de l’Iran Ali Khamenei.
Les pourparlers clandestins entre les trois parties sont négociés et facilités par le Qatar, qui supporte le Hamas, et par le chef du Djihad islamique palestinien (DIP), Ramadan Shallah. Shallah, qui fait la navette entre Damas et Téhéran, et son petit groupe terroriste basé à Gaza, a développé une relation amour/haine avec le Hamas au fil des ans. D’un côté ils acceptent la prédominance du Hamas plus grand et plus fort et obéissent à ses instructions et de l’autre ils désobéissent parfois à ses ordres et contestent son autorité. Par exemple, le missile et les tirs de mortier tirés depuis Gaza contre le sud d’Israël il y a quelques semaines ont été le fait du DIP, au mépris des efforts du Hamas pour maintenir la paix et la tranquillité le long de la frontière. Récemment, Shallah s’est rendu au Qatar pour rencontrer des responsables locaux, et plus important encore, a tenu un sommet avec Meshaal. Il s’est ensuite rendu à Téhéran pour préparer le terrain à la réconciliation, qui devrait être annoncée lors du voyage de Mechaal en Iran.
Le premier événement marquant dans les relations Iran/Hezbollah/Hamas a eu lieu en 2006. Cette année-là, le Hamas a organisé un coup d’Etat à Gaza, renversant le gouvernement de l’Autorité palestinienne. En dépit de leurs différences religieuses – l’Iran est chiite et le Hamas sunnite – l’organisation a bénéficié de relations chaleureuses et amicales. L’Iran a apporté au Hamas un soutien financier de l’ordre de dizaines de millions de dollars et lui a fourni une assistance technique et militaire -des roquettes, des munitions et même trois petits drones – et a formé des combattants du Hamas aux techniques de guerre. De temps en temps, l’Iran a demandé au Hezbollah d’envoyer des armes dans de petits bateaux depuis le Liban jusqu’à Gaza. Mais la lune de miel entre les trois partenaires a pris fin amèrement il y a environ trois ans avec le déclenchement de la guerre civile en Syrie.
Le Hamas a fait alliance avec ses frères sunnites et a dénoncé la boucherie du régime d’Assad contre son propre peuple. Le Hamas a ensuite rejoint les forces de l’opposition et a aidé à recruter des combattants parmi les réfugiés palestiniens en Syrie. En représailles, les dirigeants du Hamas – y compris Meshaal – ont été expulsés de Damas. L’Iran et le Hezbollah ont quant à eux suivi leur allié syrien. Les réseaux financiers et d’armement ont été bloqués. Mais le Hamas a eu la chance de trouver un nouveau sponsor. Il y a deux ans, le mouvement des Frères musulmans, qui est en quelque sorte un grand frère pour le Hamas, est arrivé au pouvoir en Egypte. Son chef Mohamed Morsi est devenu le président de l’Egypte et le Hamas en était ravi.
Il a connu à Gaza un approvisionnement régulier d’Egypte en argent et en biens via le Sinaï, et surtout, a profité du fait que les forces de sécurité égyptiennes ferment les yeux et permettent la contrebande d’armes des tunnels à Gaza. Mais il y a moins d’un an, les montagnes russes du Hamas ont heurté le sol. Morsi et les Frères musulmans ont été renversés par un quasi-coup d’Etat militaire. Les nouveaux dirigeants militaires au Caire, dirigés par le ministre de la Défense, le Général Fathi al–Sisi (le probable prochain président de l’Egypte) a accusé le Hamas de collaborer avec les djihadistes islamistes radicaux dans le Sinaï. Le régime de Sisi a renforcé sa coopération avec le renseignement israélien, et le Hamas s’est ainsi retrouvé suffocant sous un double siège (de la part de l’Égypte et d’Israël). Acculé et isolé, sans patrons, sans argent et avec de moins en moins d’armes, le Hamas a dû avaler sa fierté et se mettre à genoux, pour retomber dans les bras de l’Iran.
Mais cela n’a pas été si facile: l’Iran et le Hezbollah ont d’abord voulu humilier le Hamas et l’ont joué dur. Ce n’est qu’au cours de ces dernières semaines qu’une percée a été enregistrée. Si le Hamas revient en effet comme prévu dans le giron chiite, il devra en payer le prix et répondre aux ordres de son ancien/nouveau maître. Tôt ou tard, le Hamas sera invité à coopérer avec le DIP pour tirer des roquettes et déclencher une escalade, qui pourrait conduire à un nouveau cycle de guerre avec Israël. Il est de plus en plus clair dans le plan de guerre israélien qu’un conflit futur avec le Hamas va forcer Israël à une guerre totale, qui conduirait au renversement du gouvernement du Hamas à Gaza – des idées qui ont déjà été exprimées par le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et par de hauts responsables de l’armée israélienne. Un tel scénario poserait les questions suivantes: qui va gouverner Gaza ?
Le contrôle de l’enclave sera-t-il remis à l’Autorité palestinienne ou Israël devra la réoccuper? Quelle sera la position des Egyptiens à ce sujet ? Le renouvellement de l’alliance stratégique Hamas/Hezbollah/Iran va sans aucun doute créer une nouvelle réalité, conclut Yossi Melman.
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Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info
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