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Tuesday, 18 March 2014

Regain de tensions entre Israël et le Hezbollah autour du Golan

L'armée israélienne en manœuvre en juin dernier, près de la frontière entre la Syrie et Israël.

INFOGRAPHIE - Pour l'État hébreu, une nouvelle confrontation avec la milice chiite, qui dispose de 100.000 roquettes et missiles, est inéluctable dans cette zone frontalière.

INFOGRAPHIE - Pour l'État hébreu, une nouvelle confrontation avec la milice chiite, qui dispose de 100.000 roquettes et missiles, est inéluctable dans cette zone frontalière.

Trois ans après le début de la guerre en Syrie, le plateau du Golan a cessé d'être la frontière la plus paisible d'Israël. Sur ses reliefs vert tendre retentit désormais le vacarme des tirs d'artillerie qu'échangent, quelques kilomètres plus à l'est, rebelles et loyalistes syriens. Au cours des derniers mois, plusieurs frappes ont en outre visé des positions israéliennes à la frontière avec le Liban, sur les sommets enneigés du mont Hermon. Ce mardi, trois soldats ont également été blessés lors d'une explosion au passage de leur Jeep près de Majdal Chams. Le premier ministreBenyamin Nétanyahou s'est empressé de déclarer que l'État hébreu réagirait «avec force» et selon la radio militaire, Tsahal a, dans la foulée, riposté par des tirs d'artillerie en direction du territoire syrien. «La situation se tend inexorablement, s'inquiète le général Yaïr Golan, qui commande la région Nord. Nous avons dû édifier une nouvelle barrière de sécurité, remplacer nos troupes de réserve par des forces plus opérationnelles et renforcer nos capacités de renseignement.»

Le conflit syrien, d'abord lointain, s'est peu à peu propagé à la zone démilitarisée qui s'étend le long du plateau annexé en 1967 par l'État hébreu. Selon les militaires israéliens, ce corridor serait aujourd'hui contrôlé à 70 % par les rebelles. «Ces deux dernières années, des dizaines de projectiles ont atterri sur notre territoire, fort heureusement sans faire de victime», souligne Yaïr Golan, l'un des plus hauts gradés israéliens. Le risque de débordement de la guerre en Syrie est jugé d'autant plus élevé que plusieurs groupes djihadistes ont pris position dans cette zone. «Ils ne sont encore que 100 à 300 combattants et se gardent jusqu'à présent de nous attaquer, précise le commandant de la région Nord, mais il ne faut pas se tromper sur leur idéologie: après le régime Assad, Israël sera leur prochaine cible…»

Des multiples bouleversements induits par le conflit syrien, le regain de tension avec leHezbollah est celui qui inquiète le plus les militaires israéliens. Le calme qui régnait depuis la fin de la guerre de 2006 à la frontière israélo-libanaise paraît en effet plus précaire depuis que la milice chiite s'est engagée, début 2013, au côté de Bachar el-Assad. «Le Hezbollah a déployé près de 5000 combattants en Syrie et y a perdu entre 200 et 300 hommes, estime Yaïr Golan, mais il n'est pas affaibli pour autant. Au contraire, ses combattants sont en train d'acquérir une précieuse expérience opérationnelle tandis que la milice se dote d'armes de plus en plus sophistiquées.»

Les stratèges israéliens redoutent tout particulièrement que le Hezbollah ne profite du désordre syrien pour convoyer, vers ses bases libanaises, des missiles de longue portée provenant d'Iran ou de Russie. «Le mouvement cherche ainsi à combler l'écart qualitatif avec notre arsenal et à augmenter sa capacité de dissuasion», affirme le général Golan. Une menace que l'armée de l'air israélienne a tenté de conjurer en frappant secrètement, à six reprises au moins depuis janvier 2013, des dépôts ou des convois d'armes sophistiquées en territoire syrien. Au risque de provoquer une escalade difficilement maîtrisable…

Fin janvier, le Hezbollah a ainsi haussé le ton lorsqu'une frappe attribuée à Israël a, pour la première fois depuis le début du conflit syrien, visé une de ses bases sur le sol libanais. «Cette nouvelle attaque est une agression flagrante (…) qui ne restera pas sans riposte», a réagi le parti chiite, promettant de choisir «le moment opportun et l'endroit approprié pour répondre». La menace a sans doute reçu un commencement d'exécution jeudi dernier, lorsque deux engins piégés ont explosé dans le nord du Golan, blessant légèrement trois soldats israéliens. L'État hébreu a aussitôt répliqué en tirant des obus de mortier sur une position supposée de la milice chiite. «La situation est désormais hautement inflammable et une étincelle pourrait précipiter une confrontation, met en garde le général Yaïr Golan, même si celle-ci n'est pas forcément souhaitée par les parties.»

Échaudés par la guerre de juillet 2006, durant laquelle le Hezbollah continua à tirer des roquettes durant 34 jours et revendiqua finalement la victoire, malgré les lourdes pertes infligées par les frappes ennemies, les stratèges israéliens disent se préparer cette fois à un conflit «décisif». Selon leurs renseignements, la milice chiite dispose de 100.000 roquettes et missiles, dont plusieurs dizaines d'une portée supérieure à 250 kilomètres. «La troisième guerre du Liban ne se limitera pas à des raids aériens, promet Yaïr Golan, et nous utiliserons toutes nos capacités, y compris maritimes et terrestres, pour supprimer la capacité de nuisance de l'ennemi.» Une prédiction aux accents de mise en garde. «Le fait que le Hezbollah prenne refuge dans les villes et villages chiites situés dans le sud du Liban, assure-t-il, ne nous empêchera pas d'utiliser la force pour protéger nos civils.»

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