APPEL AU SECOURS
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Mis à jour le 23.03.2014 10 Commentaires
«Je veux que le gouvernement français reconnaisse Assia, jeune Française âgée de 23 mois, comme la plus jeune otage française, car oui, c'est une otage», a martelé Mériam Rhaiem, 25 ans, devant la presse.«Je veux qu'elle ait ce qualificatif d'otage au même titre que les autres otages, journalistes ou religieux», a ajouté cette mère de famille qui habite l'Ain et n'a pas revu sa fille depuis le 14 octobre.
Ce jour-là, le père, dont elle est séparée depuis juillet 2012, ne ramène pas Assia chez elle, après l'avoir gardée comme tous les lundis, mais l'emmène en Turquie, après lui avoir fait établir un passeport. Son intention: partir avec la fillette en Syrie pour combattre le régime de Bachar al-Assad au sein du Front al-Nosra, un groupe jihadiste.
Aujourd'hui, Mériam dit avoir la certitude que son ex-époux se trouve bien en Syrie.«Son dernier appel, à la mi-janvier, provenait d'un numéro syrien. Il m'a dit qu'il ne voulait pas ramener Assia en France et qu'il préférait qu'elle meure en martyre. Il m'a assuré qu'elle allait bien et il m'a passé ma fille qui me réclamait: Mama, Mama... C'était horrible», a-t-elle raconté, au bord des larmes.
Si elle avoue «ne toujours pas comprendre» les motivations du père, son avocat Me Gabriel Versini-Bullara estime que l'enlèvement de la fillette est dû pour bonne part à la radicalisation de cet homme de 25 ans au retour d'un pélérinage à La Mecque.«Il est rentré rempli de sagesse. Mais la radicalisation s'est faite très vite. Les fondamentalistes l'ont eu», estime Mériam.
Après cinq mois d'angoisse, marqués par le dépôt de plusieurs plaintes et de multiples démarches, la jeune femme entend aujourd'hui, par ce cri de désespoir, alerter l'opinion, car elle «veut ramener sa fille, la chair de sa chair, en France» et pour cela, «chaque seconde compte».«Je veux toucher l'opinion publique mais aussi le gouvernement pour qu'il protège les enfants de la République», souligne-t-elle.
Les autorités ne la prennent pas au sérieux
Longuement reçue par le conseiller à la justice du président de la République, qui est «au fait du dossier», Mériam n'en estime pas moins que les autorités françaises ne l'ont «pas prise au sérieux». Elle se demande pourquoi, notamment, il a fallu attendre deux mois et demi pour délivrer un mandat d'arrêt international à l'encontre du père, et comment il a pu passer de Turquie en Syrie sans être inquiété.«Pourquoi, quand les autorités savent qu'elle (Assia, ndlr) est désormais en Syrie, ne l'avouent-elles pas concrètement devant 66 millions de Français ?», dénonce-t-elle. «Je veux que les plus hautes autorités de l'Etat interviennent pour une petite fille française de 23 mois, devant l'opinion publique, comme elles sont intervenues pour une lycéenne», a-t-elle ajouté en référence à l'affaire Léonarda.
La jeune mère a aussi écrit aux représentants des trois grandes religions monothéistes à Lyon, ainsi qu'au pape François. «Un seul a répondu, le pape François», a relaté Me Versini-Bullara. Mériam Rhaiem a aussi annoncé le lancement d'une pétition et l'organisation prochaine «d'une marche symbolique pour les enfants de notre République», avec d'autres familles d'enfants mineurs qui se trouvent sur le sol syrien.On estime à plusieurs centaines le nombre de Français qui sont partis ou ambitionnent de partir combattre en Syrie dans les rangs jihadistes. Une quarantaine de procédures judiciaires sont en cours, selon les services antiterroristes français.(afp/Le Matin)
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