"On dirait l'exode !" Dans le hall du terminal 2A de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, ce jour-là, une dame blonde ne peut retenir sa surprise face à l'immense file des familles poussant des montagnes de valises. Quelques kippas, un ou deux grands chapeaux noirs laissent peu de doutes sur l'appartenance religieuse des voyageurs. Leurs destinations sont inscrites au marqueur sur les bagages : Jérusalem, Ashdod, Netanya...
C'est l'été, mais l'ambiance n'est pas celle, légère, des vacances. La gravité se lit dans les regards. Devant le comptoir d'enregistrement du vol El Al pour Tel-Aviv, 430 Français de confession juive s'apprêtent à quitter définitivement leur pays.
5.000 départs prévus pour 2014
Jamais ils n'ont été aussi nombreux. Avec 5.000 départs prévus pour 2014, la France représente même, pour la première fois, le plus grand vivier de candidats à l'émigration en Israël, devant la Russie ou les Etats-Unis, où la communauté juive est pourtant dix fois plus importante.
Les échauffourées du dimanche précédent aux abords de synagogues parisiennes, les slogans antijuifs et les drapeaux du Hamas à la Bastille sont dans toutes les têtes.
J'ai pris la décision de partir au moment des attentats de Toulouse commis par Mohamed Merah. Ça a été le déclencheur, explique Eric, 45 ans, visage fermé. La suite a confirmé la nécessité de quitter ce pays où les juifs se font attaquer. On nous parle de la guerre en Israël, mais nous, on va vers la vie !"
Il s'envole donc avec Yaël, son épouse, leur fille de 15 ans et leurs deux garçons, 11 et 4 ans, vers Netanya. Plébiscitée par les Français, la station balnéaire de 185.000 habitants est jumelée avec Nice et Sarcelles, où exploseront les violences antisémites quelques jours plus tard. Financier, Eric menait pourtant une existence privilégiée dans un quartier chic de la capitale. [...]
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