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Sunday, 20 March 2011

les manifestations pour la culture et la démocratie Interdite par le pouvoir policier en Algerie

Comme chaque samedi, depuis bientôt cinq semaines, Alger avait rendez-vous avec une «marche» pour réclamer le «changement démocratique». Et comme à chaque samedi, le dispositif de sécurité est tout aussi impressionnant. 

Et comme chaque samedi également, le nombre des «marcheurs» ne cesse de dégringoler pour atteindre moins de 20 personnes, hier à Alger. Deux marches étaient annoncées à Alger pour la journée du 19 mars 2011 qui coïncide avec une date symbolique de l'histoire de l'Algérie, marquant la signature des Accords d'Evian et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en 1962. Sous un soleil printanier, la première marche devait «s'ébranler» de la Place du 1er Mai, à l'appel du CNCD-partis politiques, alors que la seconde était censée démarrer de la Grande Poste, à l'appel d'un mouvement de jeunes anonymes, lancé sur le réseau social Facebook. 

Tôt le matin, le dispositif de sécurité vous accueille tout le long du parcours menant de Tafourah, de la Place du 1er Mai ou de la Place des Martyrs. Toutes les issues sont parsemées de centaines d'agents anti-émeutes, avec casques et matraques, de policiers en civil et des dizaines de véhicules et de camions. Pour empêcher tout regroupement, les accès à des espaces, comme le jardin/piétonnière faisant face à la Grande Poste étaient fermés par des haies métalliques. Il est 9h, heure à laquelle était prévue la marche des «jeunes anonymes», les dizaines de journalistes et de photographes attendent une quelconque manifestation. Les habitués de ces couvertures médiatiques, viennent plus tard. Contrairement à la Place 1er Mai, l'avantage de la Grande Poste c'est qu'il est possible de s'attabler à une terrasse de café tout en observant un éventuel mouvement de foule. Les policiers en civil traquent des yeux les moindres «suspects». «Vous faites quoi ici ?», demandent-ils à des passants ou des journalistes qui s'attardent sur les lieux. 

A 10h30, toujours rien. «Les mamans n'ont pas dû réveiller nos petits jeunes» ou «on attend peut-être les croissants du matin», blague-t-on pour meubler le temps. Vers 11h, une foule de journalistes et de photographes se regroupe sur les escaliers de la Grande Poste, autour d'un jeune venu à l'appel lancé sur Facebook. «Je ne suis pas l'initiateur, mais je suis venu pour exprimer ma volonté pour le changement démocratique et pacifique en Algérie», lance ce jeune qui dit être membre du Groupe «Bezzaf». Quelques minutes plus tard, un autre apparaît arborant une pancarte demandant la libération du militant des droits de l'Homme de Ghardaïa, Mohamed Baba-Nadjar, accusé de meurtre. D'autres jeunes, cinq au total, commencent à scander des slogans : «Boudiaf khella oussaya, echabiba rahi djaya » (Boudiaf a laissé un testament, la jeunesse va arriver). 
Selon un des initiateurs, « il y a au moins 40 personnes » à cette tentative de marche. Non loin de là, en plus de l'indifférence des passants, attablés sur la terrasse d'un café, deux militants/dirigeants d'un parti politique, ayant appelé à la marche de la CNCD-partis politiques, ne se mêlent pas à la foule. 

 La police tente de disperser calmement au début, avant de pousser énergiquement les quelques manifestants, parmi eux M. Azouaou, membre de l'Association des victimes d'Octobre 1988 (AVO 88), à quitter l'esplanade de la Grande Poste vers la périphérie (Tafourah), empêchant tout mouvement en direction de la rue Didouche Mourad. «Vous êtes trop nombreux, diminuez, diminuez le nombre de policiers », lance une voix provenant du talkie-walkie d'un officier de police. Scénario identique à la Place 1er Mai, où la marche, à laquelle participaient Me Ali Yahia Abdennour et quelques députés du RCD, a connu le même sort. Devant la très faible mobilisation, les policiers, en très grand renfort, ont pu mettre fin à cette 6e tentative du genre depuis le 19 février dernier. 

En réalité, la seule «imposante marche» observée hier à Alger, c'était la file d'attente qui menait du guichet des retraits vers l'extérieur de la Grande Poste. Pas moins de 50 personnes faisaient la chaîne pour encaisser leurs chèques CCP. 

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