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Wednesday, 23 March 2011

Ni Bouteflika, ni DRS : Il faut tout changer

CONTRIBUTION. Alors que le pays dérive dangereusement, il n'est même plus possible de lister les mouvements de protestations à travers le territoire national, le régime algérien continue de s'enfoncer dans une fuite en avant presque irréelle.

Face aux manifestants qui envahissent les rues, aux citoyens qui bloquent les routes et occupent les institutions, le pouvoir, n'a plus d'autre solution que de céder sur tout et à tous. A peine un mouvement de revendication s'organise t-il et se montre t-il sur la place publique, que le régime accède immédiatement aux revendications.
Cette démarche, a eu pour effet, de multiplier les revendications. Se rendant compte de la faiblesse du régime, les citoyens, partout à travers le territoire national, les corporations, les catégories sociales, les chômeurs, les étudiants, les corps d'Etat, affichent leurs revendications et exigent leur satisfaction immédiate.
Apeuré, le régime se contente de signer des chèques, jour après jour, en puisant dans les caisses de l'Etat, de manière totalement chaotique et irréfléchie. Il le fait, le plus souvent, dans la précipitation, sans même ouvrir de négociations. Cette situation est, de toute évidence, intenable.

Face à cette situation hautement préjudiciable pour l'Algérie, de nombreuses voix tentent de proposer des scénarios et des plans pour sortir le pays de ce blocage et entamer une démocratisation réelle.
Certains, notamment l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, appuyé par le FFS de Hocine Ait Ahmed, préconisent une « solution négociée » avec le régime en n’exigeant pas, comme cela s'est fait en Tunisie et en Egypte le départ du chef de l'Etat, symbole du régime.

Il est vrai, comme l'a indiqué Mehri, que le départ de Bouteflika ne règlera pas tout. Si ceux qui l'ont choisi et imposé au peuple, préservent ce « pouvoir », il leur sera facile d'en ramener un autre, plus obéissant et éventuellement de le « sacrifier » à nouveau, s'il lui prenait l'envie de s'émanciper. C'est ce « pouvoir », qui appartient au peuple, qu'il faut récupérer.

S'il n'est pas la totalité du régime, Bouteflika en est l'incarnation publique. De plus, c'est lui qui a verrouillé la vie politique dans le pays. C'est sous son règne que les médias, qui avaient gagné en indépendance après octobre 1988, y compris les médias publics, ont été en quasi-totalité repris en main.
C'est également sous son règne, ceci restera dans l'histoire, que la corruption a atteint un niveau jamais vu dans notre pays. Enfin, c'est Bouteflika qui a trituré la constitution pour s'offrir la possibilité d'une présidence à vie, ramenant l'Algérie (qui était le seul pays de la région à limiter les mandats présidentiels à deux) au même niveau que toutes les autres dictatures arabe.
Cela lui a permis, au passage, d'élargir ses attributions, jusqu'à devenir l'unique détenteur des pouvoirs exécutifs, sans avoir à rendre de compte à personne. Pour toutes ces raisons et bien d'autres qu'on ne peut énumérer ici, Bouteflika doit partir.

Ceci dit, Bouteflika n'a pas fait, tout cela, tout seul. Il s'est appuyé sur ce que « El Watan » a judicieusement qualifié d « armature » du régime, c'est à dire, la police politique, plus connue sous l'appellation DRS.
Il faut d'abord savoir que le DRS ( département de la sécurité et du renseignement ) exécute des missions diverses. C'est l'un des services de renseignements les plus centralisés au monde, d’où sa puissance.
Aux cotés de missions légales, que tout Etat est en droit d'avoir, pour assurer la sécurité du pays, comme l'espionnage, le contre-espionnage et la sécurité militaire, le DRS exécute aussi, des « missions » de police politique, non pas cette fois-ci, pour protéger le pays mais pour contrôler la société, et au bout du compte, protéger le pouvoir de la colère de la population.
Que les services de renseignements écoutent ou surveillent des personnes suspectées de porter atteinte à la sécurité du pays, d’intelligence avec une puissance étrangère ou encore dans des affaires de terrorisme, relève de l'une de leurs missions classiques.
Encore faudrait-il, que cela se fasse sous le contrôle du pouvoir exécutif, et sous le contrôle, à postériori du parlement, élu par le peuple. Mais que ces services surveillent, écoutent et infiltrent, par exemple, des militants politiques ou des militants des droits de l'homme, des journalistes et des syndicalistes ou tout autre citoyen algérien en raison de sa participation à la vie publique dans son propre pays, relève d'une pratique illégitime et de toute façon anticonstitutionnelle.
Dans son article 36, la Constitution indique clairement que « la liberté de conscience et la liberté d'opinion sont inviolables ». L'article 41, reconnaît, tout aussi clairement, que « les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au citoyen ».
Les articles 42 et 43 garantissent respectivement «  le droit de créer des partis politiques » et « le droit de créer des associations ». L'article 33 enfin, va même plus loin et stipule nettement que les citoyens ont le droit de défendre de manière «  individuelle ou associative » leurs libertés individuelles ou collectives ».
C'est donc, en recourant à l'illégalité que le régime, dans ses composantes militaires et civiles, se maintient et étouffe la société.
C'est dans le pur style de manipulations occultes, que des rumeurs, savamment distillées dans certains médias, annoncent des discussions au sommet de l'Etat au cours de « réunions secrètes ». Autrement dit, les mêmes qui sont au pouvoir, qui ont lamentablement échoué à tous les niveaux, seraient en train de concocter des plans et des scénarios pour l'avenir.

Comment négocier avec un régime dont le fonctionnement intrinsèque consiste en permanence à empêcher les citoyens d’exercer leurs droits. Comment négocier avec les dirigeants d'un régime, une issue démocratique, alors qu'ils considèrent le concept « de démocratie et de liberté » comme une menace.
La seule négociation éventuelle à avoir, pour que les choses se passent pacifiquement, concernerait les modalités de départ de ce régime.
Dès lors, il faut dire clairement les choses, même le vocabulaire doit changer. Le peuple algérien a le droit et le devoir de renverser ce régime illégitime qui s'impose à lui, dilapide ses richesses et maltraite son peuple.

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