Pour la première fois depuis mai 2008, le chef de la diplomatie française se rend à Alger, ce mercredi soir, pour rencontrer les plus hautes autorités du pays. Au programme d'Alain Juppé, un dîner avec son homologue algérien, Mourad Medelci, avant un entretien avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, jeudi matin. Officiellement, cette "importante visite" doit "consacrer l’approfondissement des relations bilatérales" entre les deux États. Elle doit aussi permettre de "progresser sur des dossiers régionaux stratégiques", parmi lesquels la crise libyenne.
"Ce qui est important, c’est de se projeter dans l’avenir, soit la construction d’une nouvelle Libye démocratique, a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valéro, interrogé par le quotidien algérien El Watan. C’est une visite tournée vers l’avenir et vers des solutions à des problèmes si, par hasard, il en reste encore."
L'intervention en Libye, un "choc" pour Alger
S'il ne constitue pas un "problème", le dossier libyen demeure en tout cas un sujet sur lequel Paris et Alger ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Selon Luis Martinez, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), l'intervention militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi, dont la France a été le fer de lance, fut un véritable "choc" pour l'Algérie. Ancienne colonie française en proie à une certaine agitation interne, le pays est viscéralement attaché au principe de non ingérence.
"L'Algérie pensait que la 'politique de la canonnière' et l'époque où des pays du Sud pouvaient être bombardés par l'Occident étaient révolues, explique Luis Martinez. Elle ne croit absolument pas aux arguments humanitaires. Pour Alger, cette intervention répond aux agendas politiques de la France et du Royaume-Uni, qui dépliaient le tapis rouge pour Mouammar Kadhafi et lui vendaient des armes..."
Comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, le régime d'Abdelaziz Bouteflika s'est abstenu de prendre parti. "Il y a [en Libye] une opposition armée entre une partie de la population et une autre, affirmait, le 12 mars, Mourad Medelci au quotidien français Le Monde. Nous sommes en présence de deux camps, comme en Côte d'Ivoire." Cette neutralité affichée a toutefois été mise à mal par des accusations de soutien aux troupes de Mouammar Kadhafi. À deux reprises, le Conseil national de transition (CNT) libyen a accusé Alger de leur avoir fourni des mercenaires et des armes.
Des affirmations démenties par les autorités algériennes, mais qui ont néanmoins poussé Alain Juppé à téléphoner à son homologue. "J'ai eu un entretien très cordial" avec Mourad Medelci, a raconté le ministre français devant l'Association de la presse diplomatique française. Il m'a assuré que [les informations qui circulent] n'étaient pas vraies."
Alger va profiter de la chute de Kadhafi
Selon Luis Martinez, le gouvernement Bouteflika n'appuie pas le régime du "Guide" libyen, même si des Algériens ont pu, à titre privé, aller "se vendre" comme mercenaires aux troupes qui lui sont loyales. Les deux pays, séparés par une frontière de 1 000 km, ont entretenu jusqu’ici de bonnes relations, sans que celles-ci ne représentent un enjeu stratégique pour Alger. "L'Algérie est peut-être le pays qui va le plus profiter de l'effondrement du régime Kadhafi, estime Luis Martinez. Les deux États étaient en compétition dans le domaine de la politique africaine. Après son départ, l'Algérie sera le seul acteur de poids dans la région."
Aujourd'hui, le pays se dit avant tout préoccupé par la prolifération des armes dans la région du Sahel, que la crise libyenne risque d'accélérer, et par leur récupération par des groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Une délégation américaine s'est d'ailleurs rendue à Alger il y a quelques jours pour travailler sur ce sujet.
Au cours de sa visite, Alain Juppé devrait insister sur la nécessité pour Alger de se démarquer clairement du régime de Mouammar Kadhafi. "Cela va sans doute crisper l'Algérie pendant un certain temps, prévient toutefois Luis Martinez. Il y a une très forte incompréhension, côté algérien, de ce que la France est venue faire en Libye."
Une incompréhension que le ministre français tentera d'aplanir... "Il s’agit d’avoir un dialogue constructif", a rassuré Bernard Valéro dans El Watan. Il y a "une volonté de faire du travail collectif et surtout de prise en compte des opinions des uns et des autres, sans aucun sujet tabou."
"Ce qui est important, c’est de se projeter dans l’avenir, soit la construction d’une nouvelle Libye démocratique, a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valéro, interrogé par le quotidien algérien El Watan. C’est une visite tournée vers l’avenir et vers des solutions à des problèmes si, par hasard, il en reste encore."
L'intervention en Libye, un "choc" pour Alger
S'il ne constitue pas un "problème", le dossier libyen demeure en tout cas un sujet sur lequel Paris et Alger ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Selon Luis Martinez, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), l'intervention militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi, dont la France a été le fer de lance, fut un véritable "choc" pour l'Algérie. Ancienne colonie française en proie à une certaine agitation interne, le pays est viscéralement attaché au principe de non ingérence.
"L'Algérie pensait que la 'politique de la canonnière' et l'époque où des pays du Sud pouvaient être bombardés par l'Occident étaient révolues, explique Luis Martinez. Elle ne croit absolument pas aux arguments humanitaires. Pour Alger, cette intervention répond aux agendas politiques de la France et du Royaume-Uni, qui dépliaient le tapis rouge pour Mouammar Kadhafi et lui vendaient des armes..."
Comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, le régime d'Abdelaziz Bouteflika s'est abstenu de prendre parti. "Il y a [en Libye] une opposition armée entre une partie de la population et une autre, affirmait, le 12 mars, Mourad Medelci au quotidien français Le Monde. Nous sommes en présence de deux camps, comme en Côte d'Ivoire." Cette neutralité affichée a toutefois été mise à mal par des accusations de soutien aux troupes de Mouammar Kadhafi. À deux reprises, le Conseil national de transition (CNT) libyen a accusé Alger de leur avoir fourni des mercenaires et des armes.
Des affirmations démenties par les autorités algériennes, mais qui ont néanmoins poussé Alain Juppé à téléphoner à son homologue. "J'ai eu un entretien très cordial" avec Mourad Medelci, a raconté le ministre français devant l'Association de la presse diplomatique française. Il m'a assuré que [les informations qui circulent] n'étaient pas vraies."
Alger va profiter de la chute de Kadhafi
Selon Luis Martinez, le gouvernement Bouteflika n'appuie pas le régime du "Guide" libyen, même si des Algériens ont pu, à titre privé, aller "se vendre" comme mercenaires aux troupes qui lui sont loyales. Les deux pays, séparés par une frontière de 1 000 km, ont entretenu jusqu’ici de bonnes relations, sans que celles-ci ne représentent un enjeu stratégique pour Alger. "L'Algérie est peut-être le pays qui va le plus profiter de l'effondrement du régime Kadhafi, estime Luis Martinez. Les deux États étaient en compétition dans le domaine de la politique africaine. Après son départ, l'Algérie sera le seul acteur de poids dans la région."
Aujourd'hui, le pays se dit avant tout préoccupé par la prolifération des armes dans la région du Sahel, que la crise libyenne risque d'accélérer, et par leur récupération par des groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Une délégation américaine s'est d'ailleurs rendue à Alger il y a quelques jours pour travailler sur ce sujet.
Au cours de sa visite, Alain Juppé devrait insister sur la nécessité pour Alger de se démarquer clairement du régime de Mouammar Kadhafi. "Cela va sans doute crisper l'Algérie pendant un certain temps, prévient toutefois Luis Martinez. Il y a une très forte incompréhension, côté algérien, de ce que la France est venue faire en Libye."
Une incompréhension que le ministre français tentera d'aplanir... "Il s’agit d’avoir un dialogue constructif", a rassuré Bernard Valéro dans El Watan. Il y a "une volonté de faire du travail collectif et surtout de prise en compte des opinions des uns et des autres, sans aucun sujet tabou."
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