Si le phénomène a davantage agité les esprits en Tunisie, et plus récemment en Europe, le Maroc semble de plus en plus concerné par le départ de ses jeunes pour le jihad en Syrie. Alors que deux des plus éminents jihadistes marocains sont récemment morts au combat, le royaume chérifien cherche la bonne solution pour contrer l'exode.

Environ 1500 Marocains seraient aujourd'hui au combat en Syrie. Quasiment la moitié d'entre eux font partie du groupe Harakat Sham al-Islam (Mouvement de l'Islam au Levant, HSI), où ils constituent la majorité.

Mort au combat début avril 2014, le fondateur et émir marocain du mouvement Ibrahim Benchekroun était auparavant passé par toutes les prisons de Bagram à Guantanamo. HSI est resté neutre dans la nouveau front opposant l'Armée syrienne libre et ses alliés, dont la branche d'al-Qaïda Jabhat al-Nosra, aux jihadistes de l'EIIL.

Dans les rangs de l'EIIL, l'autre Marocain connu Abou Oussama al-Maghribi avait gravi les échelons. Mort en mars, il est devenu "le plus célèbre martyr marocain de l’EIIL", indique l'expert du jihadisme Romain Caillet.

Derrière ces deux personnages, un réseau solide pourvoit les fronts syriens en combattants venus principalement des grandes villes dans le Nord et l'Ouest marocains (Tanger, Salé, Casablanca).

"Ces zones abritent des mouvement salafistes connus et affichent un important taux de chômage pour les jeunes", explique Mohammed Mesbah.

S'appuyant sur de nombreuses interviews avec des jihadistes, le chercheur a retracé pour Carnegie Endowment le parcours de certains d'entre eux.

La plupart des combattants marocains au sein de l'EIIL seraient ainsi des fantassins de bas rang. Et de nombreux jeunes resteraient par ailleurs actifs sur Facebook pendant les combats, "encourageant leurs amis au Maroc à les rejoindre".

Au Maroc, justement, le groupe HSI "a provoqué une dynamique accélérant la mobilisation des volontaire", note Romain Caillet. Face au phénomène, les autorités marocaines, favorable à la cause syrienne, peinent à prendre des mesures efficaces.

"Les autorités ont fermé l'oeil"

En juillet 2013, le ministre de l'Intérieur marocain avançait le chiffre "approximatif"de 80 Marocains partis pour la Syrie. A la même période, d'autres source en décomptaient déjà près de 1000.