Michel Garroté, rédacteur en chef – J’avais publié le présent article, il y a deux ans, en juin 2012. Je le republie aujourd’hui, étant donné qu’il soulevait, à l’époque déjà, quelques questions impertinentes :
Dimanche 3 juin 2012, je lisais, que la veille au soir, samedi 2 juin, un groupe d’une dizaine de délinquants antisémites a agressé « trois jeunes hommes portant la kippa », à Villeurbanne, dans la région du Rhône, près de Lyon. Marteau et barre de fer sont les armes qui ont été utilisées et elles témoignent donc de l’extrême violence de l’agression subie, samedi soir, à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, par trois jeunes Juifs, à proximité de l’école Beth Menahem.
Les trois garçons, âgés de 18 ans, ont subi des insultes antisémites dans la rue, puis un groupe d’une dizaine de voyous judéophobes a poursuivi et frappé les trois jeunes Juifs. Les trois victimes ont été hospitalisées. L’une d’elles a eu une plaie ouverte au crâne, une autre a été atteinte à la nuque.
Je ne peux m’empêcher de ressentir un profond malais lorsque je lis la formule « trois jeunes hommes portant la kippa ». Serait-ce à dire qu’en France, désormais, si l’on veut vivre en paix, il faut se promener – le jour du shabbat – sans kippa ?
Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, commence sa déclaration sur ces actes criminels avec cette introduction (extrait) : « J’ai été informé des incidents intervenus samedi soir entre plusieurs jeunes… » (fin de citation). Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, dans sa déclaration sur ces actes criminels, glisse cette phrase (extrait) : « l’agglomération lyonnaise où, depuis des années, avec les responsables des différentes religions et avec toutes les communautés, nous œuvrons pour que chacun puisse vivre dans la concorde et la solidarité » (fin de citation).
Pascale Cozon, député PS de Villeurbanne, 6e circonscription du Rhône, dans sa déclaration sur ces actes criminels, glisse cette phrase (extrait) : « A Villeurbanne, où coexistent des citoyens de toutes origines et de toutes confessions, des efforts constants sont déployés tant par les responsables des cultes que par le tissu associatif, pour favoriser le dialogue entre les cultures. J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de soutenir ces initiatives » (fin de citation).
Si je comprends bien, le principal problème, c’est qu’il ne s’agissait pas de trois Juifs non identifiables en tant que tels, mais de « trois jeunes hommes portant la kippa » ? Y aurait-il donc une ségrégation entre, d’une part, les Juifs non identifiables en tant que tels, et d’autre part, les « jeunes hommes portant la kippa » ? Le maire de Villeurbanne commence sa déclaration ainsi : « J’ai été informé des incidents intervenus samedi soir entre plusieurs jeunes… ». Autrement dit, au-delà des émotions de circonstance affichées par la suite, le premier constat est : « J’ai été informé des incidents intervenus samedi soir entre plusieurs jeunes ». Des incidents entre jeunes ?
Quant à Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et Pascale Cozon, député PS de Villeurbanne, 6e circonscription du Rhône, l’on s’empresse d’alléguer, de ce côté-là, que l’agglomération lyonnaise serait un endroit où depuis des années on œuvrerait pour que chacun puisse vivre dans la concorde et la solidarité ; et l’on s’empresse d’alléguer qu’à Villeurbanne des efforts constants seraient déployés pour favoriser le dialogue entre les cultures.
Faut-il en conclure que si les jeunes Juifs ne portaient pas de kippa, tout irait pour le mieux dans le meilleur des Villeurbanne ? (Fin de l’article publié en juin 2012).
Michel Garroté
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