La facture de chaque Français a dépassé les 30.000 euros, selon le compteur de l'Institut Montaigne. L'ancienne ministre du Budget, Valérie Pécresse, brandit la menace d'un risque de cessation de paiement.
30.388 euros. C'est très exactement la dette de chaque Français, ce mardi. Celle du pays a dépassé la barre symbolique des 2000 milliards d'euros, selon le compteur de l'Institut Montaigne. C'était le 17 août à 14h10 précisément. Un chiffre en hausse de près de 90 milliards par rapport au mois de janvier, soit une progression de 4,7%. Cet événement intervient moins d'une semaine après quel'Insee a annoncé une croissance nulle en France pour le deuxième trimestre consécutif. Et surtout à quelques jours d'une rentrée économique qui s'annonce plus que mouvementée. «On ne peut anticiper aucune stabilisation de la dette, cette année, et même en 2015, affirme Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne. Elle devrait continuer de progresser dans les mêmes proportions».
Cette situation ne surprend guère l'opposition qui n'a pas tardé à dégainer, ce mardi matin. L'ancienne ministre du Budget, Valérie Pécresse, n'hésite pas à parler de «cessation de paiement» pour la France, si les taux d'intérêt d'emprunt remontent. «Nous empruntons aujourd'hui à peu près 360 milliards d'euros par an à court et à long terme. Si les taux d'intérêt remontent d'un point, cela veut dire que cela nous fera 3 milliards de dépenses de plus. De deux points? Sept milliards», explique, sur RTL, la secrétaire générale déléguée de l'UMP. Pour Laurent Bigorgne, la situation n'est pas aussi désespérée qu'elle veut bien nous le dire. «La France est la cinquième puissance économique du monde, elle a tous les atouts pour créer un choc de croissance soutenable, mais pour cela le pays doit absolument maîtriser ses dépenses publiques», explique-t-il.
Car, pour le moment, ces mauvais chiffres économiques n'empêchent pas les investisseurs d'avoir encore confiance en la France, considérée par les marchés comme un pays solide, bien qu'il soit incapable de tenir ses objectifs de déficit budgétaire. Le pays emprunte toujours, sur dix ans, à des taux d'intérêt historiquement bas: 1,41%, soit 97 points de base de moins que ceux des États-Unis et seulement quelque 40 points de base de plus que ceux de l'Allemagne. «Paradoxalement, c'est une situation dangereuse pour la France, estime Laurent Bigorgne. Les marchés ne nous font pas encore payer la réalité de notre situation économique. Du coup, le gouvernement ne fait pas les efforts pour engager de véritables réformes structurelles en matière de protection sociale et de flexibilité du travail, qui survivent aux alternances. Jusqu'au jour où la Commission européenne nous sanctionnera. Notre pays risque d'apparaître comme un fauteur de crise au sein de l'Europe».
S'il semble exagérer de parler de cessation de paiement pour la France, la situation de notre endettement a de quoi tout de même inquiéter. «Sur le long terme, la dette est une épée de Damoclès avec le risque de ne plus pouvoir financer les services publics auxquels nous sommes attachés», affirme Valérie Pécresse. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a reconnu que le déficit public devrait filer au-delà des 4%, cette année, après que le premier secrétaire du Parti socialiste,Jean-Christophe Cambadelis a affirmé que l'abandon de l'objectif de 3% de déficit était «inévitable». Ce que n'ont pas manqué, une nouvelle fois, de pointer du doigt les frondeurs du Parti socialiste dont les relations avec le gouvernement ne cessent de se détériorer. Pour y remédier, le locataire de Bercy a rappelé l'Europe, et notamment la Banque centrale européenne, à ses responsabilités. Et une nouvelle fois n'est pas coutume, la presse américaine lui a donné raison. «C'est à la France de remonter la pente, pas à l'Europe de l'y aider, conclut Laurent Bigorgne. L'exécutif doit arrêter d'installer ce climat délétère de suspicion sur nos partenaires européens. A plus de 4% de déficit budgétaire, nous ne pratiquons pas de politique de rigueur budgétaire, encore moins d'austérité. Nous n'avons même pas commencé à faire des efforts. La France doit prendre conscience que l'Irlande et l'Espagne ont fait des efforts importants et en retirent les fruits».
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