"J'ai peur qu'un jour mes élèves ne découvrent que je suis juive", soupire Sophie H.*, 61 ans, dans le vaste salon de son appartement parisien. Professeure dans un lycée technique de Seine-Saint-Denis, elle affirme avoir vu la parole antisémite se libérer et se généraliser ces dernières années. Tout en gardant le secret sur sa religion, elle est quotidiennement confrontée aux blagues anti-juifs, aux remarques et aux réflexions, sans pouvoir se défendre."C'est lorsque cela vient des collègues que c'est le plus difficile."
Et les anecdotes ne manquent pas. Il y a quelques semaines, en arrivant dans sa classe de terminale, elle découvre les élèves hilares, smartphones en main et yeux rivés sur les vidéos de Dieudonné."Pas de Dieudonné dans ma classe, il est raciste", ordonne alors l'enseignante, qui s'entend aussitôt répondre : "Mais on l'aime bien et il a raison pour les juifs."Ambiance. Un climat qui les pousse, elle et son mari, à vouloir rejoindre leurs enfants déjà partis s'installer en Israël.
Depuis janvier, 4 000 juifs français ont émigré en Israël
Et Sophie est loin d'être la seule dans cette situation. Jamais, depuis la création de l'Etat israélien, ils n'ont été aussi nombreux à quitter l'Hexagone pour faire leur aliyah ("montée" en hébreu). Pas même après la Guerre des six jours, en 1967. Fin août, ils seront 4 000 à avoir rejoint l'Etat hébreu depuis début 2014 et à avoir pris la nationalité israélienne.
Jusqu'à présent, l'Agence juive, organisme israélien paragouvernemental chargé de l'immigration, a reçu plus de 10 000 demandes d'information et organise des réunions, trois fois par semaine, à Paris. "En Ile-de-France, près de 25 000 juifs se posent sérieusement la question de faire leur aliyah dans les prochains mois", affirme à francetv info Ariel Kandel, directeur de l'Agence juive en France. Un chiffre à mettre en rapport (...)Lire la suite sur Francetv info
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