Algérie: la police bloque une nouvelle marche de l'opposition
Mis à jour le 26.02.11 à 15h28
Une centaine de manifestants ont bravé samedi un important dispositif de police à Alger pour tenter leur troisième marche en un mois en faveur d'un changement de régime en Algérie mais leur mouvement a une nouvelle fois été neutralisé.
Les marcheurs, emmenés par le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) Saïd Sadi, n'ont même pas pu se réunir Place des Martyrs, leur lieu de rendez-vous, a constaté un journaliste de l'AFP.
Deux politiques blessés
Saïd Sadi s'est retrouvé encerclé dès avant l'heure prévue du début de la marche, 10h00 GMT, par les forces de l'ordre. Un autre député du RCD, Mohamed Khendek, a été évacué en ambulance.
«J'ai reçu des coups de matraque au ventre lorsque j'ai tenté de m'opposer à des policiers qui chargeaient Saïd Sadi. Je me suis évanoui et on m'a transporté à l'hôpital. Je ne suis pas blessé», a-t-il dit à l'AFP au téléphone après avoir quitté l'hôpital.
Les policiers ont réussi à repousser vers le front de mer tout proche les partisans du RCD réunis sous la bannière de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), un mouvement né il y a un mois mais déjà scindé en deux.
Des pro-Bouteflika dans la rue
Une vingtaine de partisans du président Abdelaziz Bouteflika sont apparus, brandissant des portraits, scandant son nom et affichant une pancarte en arabe: «Les Algériens sont pro-Bouteflika, ils ne veulent pas de la Coordination des avides». La présence de la police entre les deux camps a évité tout affrontement.
La manifestation devait se diriger de la Place des Martyrs vers celle du 1er Mai, à quelque 4 km de là, selon un modus operandi similaire aux manifestations avortées des 12 et 19 février mais suivant un itinéraire inversé. La forte présence policière sur la place et aux alentours a empêché tout rassemblement.
«Le vent du changement»
Cette marche avortée intervient après la levée jeudi de l'état d'urgence décrété il y a 19 ans. Les manifestations de rue demeurent toutefois interdites dans la capitale. «Toutes les décisions prises par le pouvoir ne sont pas faites pour apaiser les esprits. La meilleure preuve est qu'après la levée de l'état d'urgence, il a empêché des Algériens de manifester», a estimé le député du RCD Tahar Besbas, blessé lors de la marche du 19 février.
«Le vent du changement est entrain de souffler sur l'Afrique du nord et le Moyent-Orient, l'Algérie ne peut pas être en marge de ce changement», a-t-il ajouté.
Opposition divisée
Un membre de la direction du RCD, Madjid Yousfi s'est dit convaincu que «la révolte dans les pays de la région va conduire à la chute de toutes ses dictatures comme cela avait le cas dans les années 1950 avec la décolonisation».
Mais l'opposition s'est divisée cette semaine: le camp de la société civile et des syndicats autonomes de la CNCD n'a pas voulu manifester samedi. Il entend d'abord«recadrer le mouvement». Saïd Sadi et ses partisans ont de leur côté promis de continuer à protester«tous les ».
L'un des fondateurs de la CNCD, l'universitaire et journalise Fodil Boumala, a annoncé sa démission du mouvement, ne pouvant cautionner«sa scission».
Outre la levée de l'état d'urgence, le pouvoir a annoncé une série de mesures en faveur de l'économie, de l'emploi et du logement pour tenter de reconquérir l'opinion publique et se mettre à l'abri d'une contestation similaire à ce qui s'est passé en Egypte ou en Tunisie.
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