Six personnes ont été interpellées vendredi 11 février à Alger alors qu'elles participaient à un rassemblement pour saluer la chute de Hosni Moubarak. Une grande manifestation pour "changer le système" en Algérie est prévue samedi dans la capitale.
Peu après l'annonce de la démission du président égyptien, des dizaines de militants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se sont rassemblés devant leur siège, en plein centre d'Alger, pour célébrer la victoire de la population égyptienne. Ils ont aussitôt été entouré de centaines de policiers qui les ont forcés à entrer à l'intérieur du siège du parti, tandis que certains criaient "On veut la chute du régime" ou "Après Moubarak, c'est Bouteflika".
Avant qu'ils ne soient poussés à l'intérieur du siège, les militants ont pu manifester un peu plus d'une heure. "Il y a eu six interpellations", a déclaré un responsable du RCD, Hacène Mezoued, témoin de la scène.
UNE MARCHE POUR CHANGER LE SYSTÈME
A moins de vingt-quatre heures d'une marche de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC), qui réclame le "départ du système", les renforts de police se sont déployés en nombre dans le centre d'Alger.
Le président du RCD, Saïd Sadi, a confirmé que les autorités "étaient en train d'encercler la capitale" pour empêcher d'éventuels manifestants venant d'autres régions de rejoindre Alger. "Les trains sont interdits d'accès à Alger et les transports en commun sont en train d'être bloqués", a-t-il dit.
Selon Saïd Sadi, les autorités ont décidé de dépêcher 10 000 policiers à Alger, qui s'ajouteront aux 20 000 déjà déployés le 22 janvier pour la marche du RCD, interdite puis bloquée par les autorités. "D'importantes quantités de grenades lacrymogènes ont été déchargées dans la nuit de dimanche à lundi au port d'Alger", a ajouté M. Sadi.
LES MARCHÉS PRIS D'ASSAUT
Sur la place Maurétania, à moins d'un kilomètre de la place de la Concorde, point de départ prévu de cette manifestation, des véhicules antiémeutes ont déjà pris position, alors que de nombreux policiers en tenue arpentent les ruelles environnantes. Les barrages de police installés aux entrées de la capitale depuis les attentats-suicides d'avril et de décembre 2007, revendiqués par Al-Qaida au Maghreb islamique ont également été renforcés.
Les marchés de la capitale ont aussi été pris d'assaut, mais par les Algérois. Les habitants craignent une rupture de stocks des produits alimentaires que pourrait entraîner une éventuelle dégradation de la situation après cette manifestation.
Quatrième mort par immolation dans le pays
Un chômeur de 36 ans qui s'était immolé par le feu dans la la ville d'El Oued, dans l'extrême est de l'Algérie, non loin de la frontière avec la Tunisie, a succombé vendredi à ses brûlures, selon sa famille. Il avait été admis au service des grands brûlés de l'hôpital de Douera, dans la banlieue sud-est d'Alger, après qu'il se fut aspergé d'essence le 17 janvier dans l'enceinte du siège de l'assemblée populaire de Wilaya (assemblée départementale), où il était venu réclamer un emploi et un logement. Il s'agit du quatrième mort par immolation enregistré en Algérie depuis la mi-janvier. Au moins huit autres tentatives de suicide par le feu ont été également enregistrées dans ce pays depuis le déclenchement en janvier d'un mouvement de mécontentement social qui a provoqué des émeutes dans la foulée de la "révolution du Jasmin" en Tunisie.
Appel à témoignages
Vous êtes en Algérie, participerez-vous à la marche du 12 février ?
Vous êtes Algérien ou vivez en Algérie. Malgré l'interdiction des autorités, l'opposition a décidé de maintenir la marche de protestation prévue le 12 février à Alger. Avez-vous l'intention d'y participer ? Quel impact les mouvements populaires qui ont éclaté en Tunisie et en Egypte ont-ils eu sur votre quotidien en Algérie ? Estimez-vous que les mesures de libéralisation annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika sont suffisantes ? Une sélection de témoignages sera publiée sur LeMonde.fr.
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