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Friday, 11 February 2011

Algérie : une révolution qui se fait attendre




Les Algériens sont appelés à descendre dans la rue samedi pour la démocratisation de leur pays. Tout laisse à penser que cette journée devrait être décisive. Mais sur place, les appels à manifester ne font pas l'unanimité.

Les Algériens ne préparent à une grande "Marche" le 12 février 2010 pour la démocratisation de leur pays.  (AFP)Les Algériens ne préparent à une grande "Marche" le 12 février 2010 pour la démocratisation de leur pays. (AFP)
L'Algérie retient son souffle. Les manifestations du samedi 12 février sont sur toutes les lèvres. A l'appel de l'opposition et canalisés par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), Alger,BoumerdèsTipazaBejaïa et d'autres villes se préparent à la "marche" organisée pour "changer le système" face au "vide politique" qui menace la société algérienne "d'éclatement". A Alger, samedi et bien que la manifestation a été interdite, le départ est fixé à 11 heures Place du 1er mai (baptisée Place de la Concorde) et le point d'arrivée est la Place des Martyrs, aux pieds de la Casbah et à l'entrée de Bab el Oued, théâtre traditionnel de la révolte.
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Les tentatives d'immolations par le feu sont devenues des scènes quasi-quotidiennes et des mini-émeutes explosent sporadiquement un peu partout. Le pays vit au rythme de grèves perlées depuis des semaines: dans les lycées et les universités contre les programmes, dans les entreprises contre les conditions de travail et les salaires bas. 100.000 personnels du paramédical sont en grève illimitée depuis plusieurs jours.
L'Algérie a-t-elle rendez-vous avec l'histoire ? Si les éditorialistes de la presse algérienne l'espèrent, sur place il règne un calme déconcertant. "Alger n'a pas l'air en état de siège", raconte Farid Aïchoune, envoyé spécial du Nouvel Observateur, "la capitale ne donne pas l'air d'une ville qui va exploser". Les cafés sont remplis et à l'heure du déjeuner les Algérois ont plutôt le regard tourné vers les événements d'Egypte.

Une marche qui ne fait pas l'unanimité


Et si cette "marche pour la démocratie" ne faisait pas l'unanimité ? En effet, beaucoup goûtent au calme retrouvé après presque une décennie de guerre civile et ne veulent pas retrouver le chaos. "C'est le cas de la plupart des 'anciens', affirme Farid Aïchoune. "Ils ont trop souffert, maintenant ils veulent être tranquilles".
Et puis l'Algérie, n'est ni la Tunisie, ni l'Egypte. Si elle a en commun le chômage, la corruption et unpouvoir autoritaire, elle connaît une grande liberté d'expression. Une partie de la presse écrite est particulièrement virulente contre le régime en place et les caricaturistes, bien qu'harcelés par le pouvoir, ne se lassent pas de croquer avec délectation le président Bouteflika et les caciques du régime. "Cette presse fait office de soupape qui permet aux Algériens de s'exprimer librement", confirme Farid Aïchoune.

Des policiers mobilisés


Et pourtant, le gouvernement algérien craint d'être débordé. A Alger, le gouvernement a interdit la manifestation, justifiant de l'état d'urgence instauré depuis 19 ans au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Pour le moment, la décision sur le comportement à adopter lors de cette journée fatidique n'a pas été prise. "Il y a deux écoles au sein du gouvernement. Il y a ceux qui pensent que les forces de l'ordre ne doivent pas intervenir, pour donner une bonne image de l'Algérie à l'étranger. Et il y a ceux qui estiment qu'il ne faut pas céder", explique Farid Aïchoune.
Face au mouvement, le pouvoir a tout de même aiguisé son dispositif sécuritaire. Ainsi, le quotidien arabophone El Khabar affiche "30.000 policiers pour la capitale samedi" et dans les villes qui manifesteront. Dans l'ouest, les manifestants d'Oran, à 430 km d'Alger, n'ont pas eu l'autorisation de marcher. Mais la CNCD a maintenu son mot d'ordre.

Le gouvernement lâche du lest à l'avance


Pour calmer la grogne, Abdelaziz Bouteflika a également fait des annonces : levée de l'état d'urgence, crédits pour des logements, mesures contre la vie chère et pour l'emploi des jeunes, dont plus de 20% sont chômeurs, ou lutte accrue contre la corruption.
Les pro-gouvernement ont entendu le message. Parmi eux, les syndicats officiels qui ne descendront pas dans la rue. Et même le parti d'opposition historique FFS de Hocine Aït Ahmed s'est désolidarisé de la marche dès son annonce le 21 janvier.
Sarah Diffalah – Nouvelobs.com

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