A la veille de la marche du 12 février
Après avoir résisté pendant 18 jours aux manifestations de rue puis à la mobilisation pacifique exceptionnelle des Égyptiens, le président Moubarak a fini par céder. Vendredi, il a quitté le pouvoir, contraint par la rue et lâché par Washington, son principal allié.
Après Ben Ali le 14 janvier dernier, le départ aujourd’hui de Moubarak aura sans doute des conséquences sur l’Algérie. Depuis le début des événements dans le monde arabe, les experts et les institutions d’analyse internationales comme les agences de notation ont placé notre pays parmi ceux qui ont de fortes chances d’être touchés par les troubles politiques. L’Algérie souffre des mêmes maux que l’Egypte et la Tunisie : absence de démocratie, corruption, incapacité des autorités à résoudre les nombreux problèmes sociaux et économiques…
A la veille de la marche du 12 février, il est difficile de faire un pronostic sur l’évolution des choses en Algérie dans les prochains jours. Mais la chute de Moubarak accentue la pression sur le pouvoir algérien et devrait insuffler une nouvelle dynamique pour la contestation sociale dans le pays. Désormais, les Algériens qui souhaitent un changement démocratique sont convaincus que tout est possible.
Mais beaucoup d’inconnues demeurent. Le pouvoir en place a fait récemment quelques concessions sur les plans économique et social. Il lui reste encore une marge de manœuvre, notamment sur le plan politique. Mais la vraie inconnue reste la rue. On l’a vu en Tunisie puis en Égypte : toutes les concessions faites par le pouvoir n’ont fait que rendre la rue encore plus exigeante dans ses revendications. C’est sans doute pour cette raison que le pouvoir algérien s’attelle à interdire par tous les moyens les marches populaires notamment à Alger. Si le peuple sort dans la rue, il deviendra imprévisible et les jours du pouvoir seront alors comptés.
Le pouvoir doit donc anticiper pour satisfaire les revendications déjà exprimées par la rue lors des récentes manifestations et émeutes, à savoir la démocratie, l’amélioration des conditions de vie, la lutte contre la corruption et un meilleur partage des richesses pétrolières. La question est aussi de savoir si le pouvoir actuel a les capacités nécessaires pour comprendre, analyser les demandes des Algériens et prendre les mesures nécessaires pour les satisfaire. Le doute est permis au regard de la réaction des autorités face aux demandes de marches populaires pacifiques à Alger.
Les révolutions tunisienne et égyptienne ont sans doute mis fin aux projets de ceux qui veulent garder le pouvoir à vie et mettre en place un système de succession basé sur l’héritage familial. Elles ont montré que les armées arabes ne sont pas toujours au service des régimes en place. Des leçons pour l’Algérie et les Algériens.
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