El Kadi Ihsane, Maghreb Emergent, 11 Février 2011 Moubarak a tenté, jeudi, une ultime manœuvre qui accentue l’âpreté de la contestation. Son départ à « reculons », moins d’un mois après la chute du président tunisien Ben Ali, met en grande difficulté le président algérien Abdelaziz Bouteflika, en butte à une montée de la contestation populaire alors même qu’il a, à peine entamé un 3e mandat très controversé. Le président Abdelaziz Bouteflika a finit par réagir le 03 février dernier à la montée de la colère dans le pays qui risque d’emporter son pouvoir en place depuis bientôt 12 ans. Il a promis de lever l’Etat d’urgence en vigueur depuis 1992, d’ouvrir l’audiovisuel à l’opposition légale et de « faciliter » la vie aux citoyens en assouplissant la bureaucratie. Des mesures qui auront été une très lointaine réaction a la flambée d’émeutes des jeunes au début du mois de janvier. Le départ « homéopathique » de son ami Hosni Moubarak, face à une révolution populaire sans pareille dans le monde arabe, rend son « ouverture » du 03 février désuète. Certes le président Egyptien n’a fait que transférer « des pouvoirs » à son vice président Omar Souleimane. Il a rendu sa chute plus pathétique. Le scénario d’une transition égyptienne contrôlée par le clan Moubarak jusqu’à septembre prochain est enterré. La mobilisation populaire grandissante depuis mardi dernier, avec notamment l’entrée en action des grèves ouvrières, a de vraies raisons de se poursuivre, après le demi-départ du président, montrant que les réformes politiques qui ne sont pas entreprises à temps deviennent sans effet une fois déclenché le processus révolutionnaire. Des ressemblances « mimétiques » avec l’EgypteLa révolution démocratique en Tunisie avait déjà affaibli, le 14 janvier dernier, la position des régimes autocratiques arabes, le raz de marée égyptien rend subitement le statu quo politique quasiment intenable en Algérie avec la chute entamée de Moubarak. Tous les analystes s’accordent en effet à trouver plus de ressemblances entre le modèle égyptien et le modèle algérien dans l’organisation de la gouvernance politique : pouvoir réel chez l’armée, clientélisme politique élargit, islamisation tolérée de la société en échange du confinement de l’islamisme politique radical, affairisme des élites politiques, soutien occidental sous couvert de la coopération dans la lutte contre le terrorisme. En outre, l’Algérie a, dans son histoire nationale, tendance à suivre de plus ou moins prés, les grandes évolutions politiques égyptiennes : nationalisme politique dans le sillage du nassérisme, réformes de marché quelques années après l’Infitah de Anouar Sadate, implantation des frères musulmans puis radicalisation de l’islamisme selon l’expérience égyptienne précédente, durcissement du régime et évolution vers le pouvoir héréditaire, dans les deux pays, avec antériorité à l’Egypte là aussi. Les différences sont certes également nombreuses. Les cycles économiques récents, notamment, ne sont pas tout à fait semblables. Mais depuis le 17 décembre dernier et l’acte fondateur de la révolution arabe de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, ce sont les traits communs des régimes arabes qui unifient la conjoncture. Et le trait commun le plus proéminent étant le système autoritaire, il est désormais ciblé par les mouvements populaires comme un carcan qui les empêche d’avancer socialement. L’agenda de « l’ouverture politique » en Algérie apparaît pour le président Bouteflika déjà pris dans l’engrenage révolutionnaire arabe. Le gouvernement a explicitement proposé aux organisateurs de la marche, la CNCDN (coordination nationale pour le changement et la démocratie), du 12 février à Alger des salles pour la tenue de meetings. La CNCD veut exercer le droit constitutionnel de manifester publiquement dans la capitale. La distance entre la réforme et la révolution peut parfois tenir à une ligne de détail. Mais jamais personne ne le sait à l’avance |
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