L’opposition algérienne reste déterminée à redescendre dans la rue samedi à Alger malgré les promesses du pouvoir réitérées par le Premier ministre Ahmed Ouyahia d’une levée de l’état d’urgence et de mesures pour répondre aux attentes des Algériens.
“L’Algérie est vraiment en marche pour un changement. Notre lutte dépasse largement la levée de l’état d’urgence”, a déclaré à l’AFP Fodil Boumala, un membre fondateur de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).
“La prochaine manifestation de samedi se prépare très bien. Il y a moins de peur”, a-t-il ajouté, se félicitant que ce résultat ait été obtenu grâce à une première marche à Alger, le 12 février, en présence de 2.000 personnes qui ont bravé l’interdiction des autorités de défiler et le déploiement de plus de 30.000 membres des forces de l’ordre.
A Oran, grande ville de l’ouest algérien, la CNDC a également annoncé une nouvelle manifestation samedi, après celle du 12, une réunion à la même heure, 11h00 (10h00 GMT) dans la salle Saâda, après avoir obtenu l’autorisation des autorités, à se tenir dans une salle, a annoncé jeudi un de ses membres Kaddour Chouicha. Après un apparent refus, le Président de l’Assemblée populaire communale (APC, mairie) a donné jeudi après-midi son aval à ce rassemblement auquel a appelé la coordination dans cette grande métropole de l’ouest algérien.
Lors d’une réunion mercredi pour le 7e anniversaire de l’Alliance présidentielle qui regroupe trois partis, le Premier ministre Ahmed Ouyahia est revenu sur les promesses le 3 février du président Abdelaziz Bouteflika.
M. Ouyahia a précisé que la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans, interviendrait à la fin du mois avec l’annonce de décisions sur “le logement, l’emploi et la gestion de l’administration”.
Mais la CNCD n’en a cure. “Le gouvernement continue à improviser des pseudo-solutions à des crises structurelles. C’est un régime coupé de la société”, a dit M. Boumala.
Selon lui, le gouvernement, qui annonce la prochaine levée de l’état d’urgence, “est en train, en même temps, de préparer une loi anti-terroriste qui sera peut-être plus dangereuse”.
L’état d’urgence a été proclamé en 1992 au début de la décennie des violences islamistes qui ont fait au moins 150.000 morts.
D’anciens responsables et membres de la société civile pressent depuis des semaines le gouvernement d’engager des changements, à la lumière des événements du monde arabe, notamment en Tunisie et en l’Egypte où des manifestations ont chassé les présidents Zine El Abidine Ben Ali (23 ans de pouvoir) et Hosni Moubarak (29 ans de pouvoir).
“Ce qui est commun à l’Algérie et à ces pays, c’est la nature même des régimes!”, remarque Abdelhamid Mehri, ancien dirigeant du Front de libération nationale (FLN) et ancien ministre et ambassadeur en France (1984-88), dans une lettre adressée au président Bouteflika et publiée jeudi.
Ces pays “se prévalent tous d’une façade démocratique clinquante et empêchent en pratique et par de multiples moyens de très larges catégories de citoyens de participer effectivement à la gestion des affaires”, affirme M. Mehri.
En Algérie, des émeutes début janvier provoquées par la flambée des prix de denrées alimentaires ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.
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