La situation n’en finit plus de se dégrader à Algérie Poste
Le règne de l’anarchie et de la gabegie
Une lettre transmise à notre rédaction par un groupe de travailleurs vient une fois de plus, la fois de trop sans doute, tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit irrémédiablement trop tard.
Par Mohamed Abdoun
C’est un véritable appel de détresse qu’un groupe de travailleurs d’Algérie Poste nous a adressé à propos de la situation, qualifiée de « catastrophique », qui règne actuellement au niveau d’Algérie Poste.
Les auteurs de cet ultime SOS relèvent en effet que « la situation ne cesse de se dégrader car, non seulement rien n’est fait pour redresser la barre, mais en plus les actuels dirigeants de cette institution semblent agir au contraire contre les intérêts de la Poste ».
Preuve en est que nous en sommes arrivés aujourd’hui carrément à la fermeture de bureaux de poste durant toute une journée, comme relevé par le passé par notre journal, à cause de l’absence totale d’argent liquide. Or, si l’on excepte le fait que cette pénurie chronique de liquidité, qui continue d’aller en s’aggravant, est certainement le fait de l’incompétence et de la mauvaise gestion des responsables d’Algérie Poste, force est de dire que cette dernière dispense d’autres prestations, comme la vente de timbres postaux et fiscaux, mais aussi l’émission de mandats et autres. Il faut dire que dans de nombreux bureaux de poste on a curieusement cessé de vendre des timbres fiscaux, alors que cela est sensé être une prestation automatiquement dispensée par Algérie Poste. Plus curieux encore, les Postiers orientent les clients potentiels vers le « kiosque » du coin, où les timbres fiscaux, tout naturellement, sont revendus plus cher. Il est à se demander, dès lors, s’il n’y a pas complicité entre ces postiers et les propriétaires de ces kiosques afin de partager les indus bénéfices. Dans tous les cas de figures, les responsables, sans doute trop occupés ailleurs, laissent faire ou, plus grave encore, ne s’en rendent peut-être même pas compte.
Péril en la demeure
C’est dire que c’est la notion même de « service public » chez Algérie Poste qui est en train de s’effilocher au fil des jours. Le plus grave c’est que les pouvoirs publics donnent l’air de laisser faire, gardant à la tête d’Algérie Poste des responsables qui ont déjà eu à montrer, par leur passé, toutes leurs limites. L’actuel DG par intérim d’Algérie Poste s’est même permis d’annoncer sur les ondes de la radio nationale le prochain lancement par Algérie Poste d’une formule « crédit à la consommation ». N’allons pas jusqu’à lui faire l’affront de lui demander d’où est-ce qu’il va ramener l’argent requis, lui qui n’arrive même pas à assurer le paiement des salaires à termes échus, et contentons-nous juste de rappeler que cette annonce revêt un caractère d’une gravité extrême. Le dénommé Zerarga, haut commis de l’Etat, se permet en effet de défier publiquement le gouvernement, avec le premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le ministre de la poste et des technologies de la communication, Moussa Benhemadi, puisque la suppression de ce genre de produits avaient été décidé par le pouvoir Exécutif en personne. Il est, dès lors, curieux de constater que ce DG par intérim, qui se présente même comme DG confirmé à ce poste, n’a même pas été inquiété après de si graves déclarations, alors que celles-ci tendent peut-être à confirmer ce que notre journal supposait dans de précédentes éditions, bien avant que la situation sociale ne dégénère autant en Algérie, menaçant même de déboucher sur une protesta totale, comme c’est le cas en Egypte et en Tunisie. En n’assurant pas le paiement des salaires des fonctionnaires, retraités et étudiants à termes échus, faute de liquidités, à cause de sa propre incompétence et son incapacité à gérer comme il se doit de dossier, Zerarga contribue en effet à exacerber la grogne sociale, poussant au passage toutes ces catégories sociales à descendre dans la rue pour déclencher des émeutes et se joindre, par exemple, à la marche du 12 février prochain. N’oublions pas, en effet, qu’Algérie Poste gère la bagatelle de quelques 14 millions de comptes, ce qui doit représenter le plus clair des comptes courants des fonctionnaires, salariés, étudiants et retraités, représentant les catégories les plus vulnérables, socialement parlant, de la société, et aptes donc à se joindre à quelque éventuelle protesta à cause des agissements énigmatiques des dirigeants d’Algérie Poste.
Contribuer à la grogne sociale !
Ces derniers, et s’ils ne donnent pas du tout l’air de chercher à redresser la barre, ne se gênent pas, par contre, quand il s’agit de se faire plaisir. C’est ainsi que des véhicules neufs ont encore une fois été achetés. Parmi les bénéficiaires, explique le même document en notre possession, figure une « chargée d’études », ayant pratiquement le grade de directrice centrale alors que, de l’avis de tous, « elle est d’une incompétence notoire ». Sans que personne ne sache qui la protège, donc, et après avoir été « remerciée » par le PDG de Sonelgaz, précisément à cause de son incompétence, elle a été « repêchée » par Algérie Poste, où elle coule des jours heureux et paisibles sans être la seule, hélas, à être dans cette situation tellement enviable. En congé de maladie, c’est un haut responsable d’Algérie Poste, agissant sur instruction, pour ne pas dire instigation tant le fait est gravissime, qui s’est déplacé au domicile de cette gent et chanceuse dame, histoire de lui remettre les clés de sa nouvelle voiture et de récupérer l’ancienne. Pendant ce temps, des milliers de cadres hautement compétents de cette institution sont marginalisé au profit d’un népotisme qui n’a jamais été aussi loin, au point où plus rien ne marche comme il faut.
Si les pouvoirs publics ne réagissent pas très vite, il sera certainement trop tard pour sauver cette institution, garante de la stabilité sociale en Algérie.
Nous apprenons, dans ce contexte précis, qu’une enquête d’habilitation aurait été entamée en vue de nommer un nouveau DG à la tête d’Algérie Poste. Si la décision paraît même imminente, alors que le dénommé Zerarga avait tout fait pour se maintenir en poste, faisant jouer ses relations, pensant ainsi que l’Etat pouvait être géré comme il le fait pour cette institution financière, les Postiers demeurent quand même sceptiques et pessimistes. Ils regrettent amèrement, ne s’en cachant même pas, l’âge d’or de l’ancienne directrice d’Algérie Poste, qui en avait fait, à son époque, une institution moderne, florissante et à la pointe de la technologie et de la bonne gestion.
M. A.
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