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Tuesday, 1 February 2011

Le mouvement de révolte des jeunes Algériens ne cesse de s'étendre


Le mouvement de protestation contre la vie chère lancé mercredi par de jeunes Algériens dans la capitale s'est propagé vendredi à sa banlieue et à d'autres villes du pays. Un Conseil ministériel sur la flambée des prix doit se tenir ce samedi.
Par Antoine MARIOTTI (vidéo)
FRANCE 24 (texte)
 
Alger, sa banlieue, Oran, Annaba, Tébessa, Tizi Ouzou... Le mouvement de protestation contre la vie chère qui agite l'Algérie s'est propagé vendredi de quartier en quartier et de ville en ville. Les manifestants, essentiellement des jeunes, entendent notamment dénoncer la hausse brutale du prix des produits de base. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a d'ailleurs annoncé qu'un conseil interministériel se tiendrait ce samedi pour discuter des moyens de juguler cette flambée des prix.

Dans une première réaction officielle, le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a lui appelé les manifestants à un "dialogue pacifique". La violence "n'a jamais donné de résultats, ni en Algérie ni ailleurs, et cela nos jeunes le savent", a-t-il déclaré. "Ils doivent comprendre qu'ils n'ont pas de pays de rechange. Les carences décriées peuvent être résolues de façon pacifique et avec un peu de patience".
Routes barrées, jets de pierres, saccages
De nombreuses régions d'Algérie sont depuis mercredi le théâtre de manifestations, souvent violentes, qui voient s'affronter jeunes et forces de l'ordre. "Cette nuit s'annonce très chaude, indiquait Kamal Zait, correspondant de FRANCE 24 à Alger à 21h30, heure de Paris. Des émeutes ont repris dans le quartier de Bab el-Oued, à Alger. Plusieurs coups de feu de sommation ont été tirés et la plupart des Algérois ont regagné rapidement leur domicile. Un climat de peur règne dans les rues."
Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre se sont déclenchés en début d'après-midi, après deux nuits d'émeutes. "Depuis jeudi, des rumeurs circulaient sur le fait que ce vendredi, premier jour du week-end, serait la journée de la colère, raconte Kamal Zait. Il n'y a finalement pas eu de grandes émeutes, mais juste après la grande prière, des routes ont été barrées dans le quartier de Belcourt [un quartier populaire d'Alger, ndlr]. Des jeunes en colère ont jeté des pierres sur les policiers."

KAMAL ZAIT, CORRESPONDANT À ALGER (21H)

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants. "On parle de dizaines de blessés par les policiers et les dégâts matériels sont très importants, ajoute le correspondant de FRANCE 24. Il y a des saccages et des pillages de biens publics et privés."
Des affrontements ont également éclaté à Annaba, dans la banlieue d'Alger. En milieu d'après-midi, des centaines de jeunes ont attaqué des policiers en leur jetant des pierres. Ces échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses. Des quartiers de la ville d'Oran, dans l'ouest du pays, de Tébessa, à la frontière tunisienne, ou encore de Tizi Ouzou, en Kabylie, ont également été le théâtre d'incidents.
Un pays riche avec un peuple pauvre
Dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans et où 20 % des jeunes sont chômeurs, les manifestants entendent dénoncer leurs mauvaises conditions de vie et la flambée des prix des denrées de base - jusqu'à 30 % depuis le 1er janvier.

Le mouvement de protestation contre la vie chère touche de plus en plus de villes algériennes.
"Ce mouvement de protestation n'est pas encadré par des partis politiques ou des syndicats, même si des islamistes ont tenté de récupérer ces évènements, affirme à FRANCE 24 Fayçal Metaoui, rédacteur en chef du quotidien El Watan. Le pouvoir d'achat des Algériens est très bas ; l'Algérie a le paradoxe d'être un pays riche avec un peuple pauvre. Et la jeunesse n'obtient pas de réponse claire à ses demandes."
"L'Algérie est un pays où les comportements d'émeutes et de violences sont assez fréquents depuis près d'un an et demi, à la différence dela Tunisie où le mouvement de contestation actuelle [provoqué par l'immolation d'un jeune chômeur, Mohamed Bouazizi, ndlr] est une surprise", précise sur FRANCE 24 Zyad Limam, directeur d'Afrique Magazine.
Pour minimiser le risque d'une contagion des émeutes, la Ligue nationale de football a reporté tous les matchs programmés ce week-end. L'envoi de messages a également été bloqué sur tous les réseaux de téléphone mobile, pour éviter qu'informations et rumeurs ne se propagent, assure notre correspondant Kamal Zait.

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